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La colère des Tchadiens privés de réseaux sociaux depuis cinq mois

Les Tchadiens ont du mal à avaler la pilule. Ils vivent un vrai cauchemar depuis qu’ils ont été déconnectés des réseaux sociaux. Aucune explication officielle depuis cinq mois. Mais tout le monde pointe du doigt le clan au pouvoir à Ndjamena qui voudrait étouffer les dissensions qui le minent. Elles auraient pris des dimensions importantes en envahissant les services de messagerie et internet.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les logos des principaux réseaux sociaux auxquels les Tchadiens ne peuvent plus accéder depuis plus de cinq mois. (Photo AFP/DPA/Silas Stein)

La colère gronde parmi les internautes tchadiens. Ils n’en peuvent plus d’être coupés du monde sans savoir pourquoi. Certains n’hésitent pas à accuser le gouvernement de «pratiquer les méthodes du régime nord-coréen», témoigne le journaliste tchadien Djimet Wiche Wahili, directeur de publication du site d’information Alwida Info.

Il explique à Géopolis que ses compatriotes paient les pots cassés de la guerre que se livrent des membres du clan au pouvoir. Des tensions portée sur la place publique par l’intermédiaire des réseaux sociaux.

«Il y a eu des propos et des insultes à travers le réseau WhatsApp entre un frère du président et d’autres membres du clan. Des attaques qui commençaient à prendre des proportions inquiétantes. C’est dans ce contexte que l’Etat aurait demandé aux opérateurs de couper les réseaux sociaux».

Le journaiste Djimet Wiche Wahili est directeur de publication du site d'information Alwida Info. Il déplore une mesure qui pénalise les médias tchadiens. (Photo/Alwida Infolwida Info)

«Nous avons perdu la plupart de nos lecteurs»
Les médias tchadiens sont les premières victimes de ce blocage décidé unilatéralement par le pouvoir. Les sites d’information en ligne ont été obligés de limiter leurs publications.

«Ça a porté un coup sévère au fonctionnement normal des médias, devenus moins accessibles aux Tchadiens. Nous avons perdu la plupart de nos lecteurs qui nous suivaient régulièrement. Et plus notre audience décline, plus les publicités deviennent rares», constate le directeur de publication de Alwida Info.

Tous les secteurs d’activités sont plus ou moins affectés par cette mesure, explique à Géopolis El-hadj Daouda Adam, secrétaire général de l’Association des droits des consommateurs tchadiens (ADC).

«La destination Tchad pour les appels téléphniques entrants et sortants est très chère. Les réseaux sociaux permettaient aux étudiants, aux chercheurs, aux opérateurs économiques et aux leaders de la société civile de communiquer avec le monde à moindre frais.Tout le monde est pénalisé. Ce genre de restrictions peuvent même décourager d’éventuels investisseurs locaux ou étrangers», déplore-t-il.
 
Un collectif d’avocats saisit la justice
Les Tchadiens sont excédés. Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont privés de leur liberté d’expression à cause de problèmes qui ne concernent que le clan au pouvoir. Un collectif d’avocats a décidé de saisir la justice. Il a déposé au parquet de N'djamena une plainte contre les deux principales compagnies de téléphonie mobile qui ont la charge d'assurer l’accès aux services de messagerie tels que Facebook, WhatsApp et Twitter.

«En nous refusant une connexion normale, c’est une violation de la loi. Voilà pourquoi nous avons saisi le juge pour qu’il ordonne aux opérateurs concernés, de rétablir l’accès aux réseaux sociaux qui sont pour beaucoup d’entre nous un outil de travail. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout», a déclaré le président du Collectif, Maître Frédéric Daïnonet, au cours d’une conférence de presse à N'djamena.

Ce n’est pas la première fois que les Tchadiens sont privés d’internet et de réseaux sociaux. Mais cette foi, la manœuvre se prolonge sans la moindre explication de la part du pouvoir. Aussi, le secrétaire général de l’Association des droits des consommateurs tchadiens appelle le gouvernement à réagir sans tarder.

«C’est une mesure totalement inefficace qu’il faudrait lever sans délai. Pour nous, le responsable direct, c’est l’Etat qui est le garant de l’accès à ces services. Nous devons donc l’interpeller pour lui dire que ce qu’il fait n’est pas bon»,  confie-t-il à Géopolis.
 
 
 

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