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La menace de l'«Etat islamique dans le Grand Sahara»

Le groupe est encore peu connu. Pourtant, ce mystérieux «Etat islamique dans le Grand Sahara» (EIGS, ISGS en anglais) a déjà fait parler de lui. Au Niger notamment. On lui attribue l'attaque, début octobre 2017, qui a provoqué la mort de quatre soldats américains. A sa tête, un dissident d'Al-Mourabitoun, une des groupes d'Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique), Abu Walid al-Sahraoui.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Obsèques du sergent La David Johnson. Le sergent est l'un des quatre soldats américains tués au Niger, le 4 octobre 2017, lors d'une embuscade dressée par un groupe lié à l'Etat islamique. Dans cette attaque, cinq militaires nigériens avaient aussi trouvé la mort. (GASTON DE CARDENAS / AFP)

Le nom de Adnan Abu Walid al-Sahraoui apparaît comme chef de ce groupe s'appelant «Etat Islamique dans le Grand Sahara». Selon le magazine américain Newsweek, il avait des liens avec Al-Qaïda,

Sahraoui commanderait depuis deux ans un petit bataillon de combattants qui a prêté allégeance au groupe islamiste (ISIS) en mai 2015. Pour le ministre de l’intérieur nigérien Mohamed Bazoum, ce groupe est formé de jeunes Nigériens «qui ont été embrigadés au cours de l’année 2012 par le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Cette organisation (...) était venue dans le sillage de l’occupation du nord du Mali. (…) Ces jeunes gens ont été démobilisés au lendemain de l’opération ''Serval''», mais ont repris leurs activités sous la férule d’un certain Abu Walid al-Sahraoui qui est l’un des anciens dirigeants du Mujao», a-t-il indiqué dans Le Monde

Selon Newsweek, Adnan Abu Walid al-Sahraoui «est né au Sahara occidental - un territoire contesté sur la côte nord-ouest de l'Afrique - et il a passé son enfance dans des camps de réfugiés dans le sud de l'Algérie». Avant de prendre la tête de EIGS, Sahraoui a été le porte-parole du Mujao. Ce serait les mêmes hommes qui auraient formé Al-Mourabitoun («Les Sentinelles»), dirigé par Mokhtar Belmokhtar, responsable notamment de l’attaque de l'hôtel Radisson Blu dans la capitale du Mali, Bamako, en novembre 2015, au cours de laquelle 20 personnes ont été tuées.

Saharaoui aurait quitté Mokhtar Belmokhtar pour Daech
Avant les combats qui ont couté la vie aux quatre soldats américains (et cinq Nigériens), lors d’événements qui restent encore assez incompréhensibles pour les Américains, le groupe dirigé par Al-Sahraoui s’était fait remarquer lors d’une opération militaire en février 2017 au Niger, à Tiwa, qui avait coûté la vie a une douzaine (au moins) de soldats nigériens.


Le groupe de Sahraoui aurait fait dissidence de celui de Mokhtar Belmokhtar en s'affiliant à l'Etat islamique. En octobre 2016, l'organe de propagande de Daech, Amaq, avait en effet fait état de cette allégeance. Pas simple cependant de connaître le degré d’adhésion de l’organisation de Sahraoui aux thèses de l’Etat islamique. «C'est une région où il y a un certain nombre de groupes armés islamistes radicaux qui sont actifs; l'idéologie est un facteur, mais des intérêts plus localisés ou économiques peuvent aussi intervenir, car c'est une région où il faut également tenir compte du trafic transsaharien», note prudemment dans Newsweek Paul Melly, associé à Chatham House, un groupe de réflexion sur les affaires internationales, basé à Londres et spécialiste de l’Afrique de l’Ouest.

Des intérêts divergents entre éleveurs pourraient expliquer en partie les accès de violences. «Dans cette partie du monde, le "terrorisme" commence avec un vol de bétail et des autorités locales qui n’ont pas su ou voulu y mettre fin», note un chercheur dans Libération.

Côté américain, la mort de quatre soldats a été un choc. Elle a été mise en parallèle avec les pertes de Mogadiscio (bataille du Faucon noir, 19 morts, en 1993)  et celles de Benghazi (4 morts en 2012). Ce bilan a permis à de très nombreux Américains de découvrir la présence de leurs soldats au Niger. Ils seraient aujourd'hui environ 1300 au Niger, (contre 450 en 2012), pays qui abrite aussi une importante base de drones américains. 

Au Sahara, les Etats-Unis «aident les partenaires en Afrique de l'Ouest et du Nord à accroître leurs capacités immédiates et à long terme pour faire face aux menaces terroristes et empêcher la propagation de l'extrémisme violent», selon le département d'Etat. La guerre «est en train de se déplacer» du Proche-Orient vers l'Afrique, a déclaré le chef d'état-major américain, le général Dunford. Prémonitoire ?

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