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Le Burkina Faso plus fragile que jamais face aux terroristes

En pleine visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, des terroristes ont attaqué une gendarmerie dans une ville au nord du Burkina Faso. Les militaires, incapables de réagir, ont laissé filer des prisonniers libérés lors de l'attaque. Cela en dit long sur l'état du pays qui semble livré au bon vouloir des djihadistes.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation le 29 septembre 2018 dans les rues de Ouagadougou au Burkina Faso. (OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)

La dernière attaque a eu lieu le 18 octobre 2018. Une gendarmerie dans la ville de Djibo, au nord du pays, a été prise pour cible par des individus armés. S’il n’y a pas eu de morts, affirme l’AFP, «c'est parce que les gendarmes, surpassés en nombre, ont fui, permettant à un nombre inconnu de détenus de s'échapper».

Sur le site Netafrique, le journaliste Frédéric Domesso Somda  enfonce le clou. «Nos soldats ont attendu des renforts qui ne sont jamais venus, jusqu’à que le terroristes, qui ont paradé dans la ville 3 heures durant, quittent Djibo, comme ils étaient venus.»
La charge est violente et illustre bien l’état d’esprit qui prévaut à Ouagadougou. «Depuis l’arrivée de Roch Marc Christian Kaboré à la magistrature suprême, le Burkina Faso semble être devenu un pays banal, alors que sous peu il était respecté de tout le continent africain, pour ne pas en dire plus», explique Domesso Somda.

Le président Kaboré dépassé? Ils sont nombreux à le penser au Burkina. L’entourage présidentiel accuse même des nostalgiques de l'ancien régime, celui de Blaise Compaoré, renversé en octobre 2014. Compaoré connaît parfaitement le milieu touareg, celui qui mène les actions terroristes. Il tenait même le rôle de médiateur lors de la crise malienne en 2012. Et quand il était au pouvoir, le Burkina semblait à l’abri du terrorisme.

l'ombre de Compaoré
Cela a tenu jusqu’en 2015 et surtout janvier  2016, avec l’attaque au cœur même de Ouagadougou de deux hôtels et d’un restaurant. Une attaque qui a fait 30 morts. Depuis lors, le bilan des attaques terroristes s’est établi à 243 morts, selon un décompte présenté par Alpha Barry, le ministre des Affaires étrangères burkinabè.

Pour autant, les diplomates français ne pensent pas crédible la thèse d’une déstabilisation du pays menée par des inconditionnels de Blaise Compaoré. Le Burkina n’a juste pas l’armée qu’il faut pour pouvoir défendre son intégrité territoriale. Le refus quelque peu dogmatique d'accepter l’assistance militaire française n’arrange rien. Mais cela semble changer depuis peu. En septembre, Ouagadougou a enfin fait appel à la force barkhane, et deux Mirage 2000 ont détruit une colonne de combattants dans le nord du pays.
 
Appel à l’union sacrée
Le pouvoir ne trouve guère comme arme que celle de l’information. Le ministre de la Communication, Rémis Fulgance Dandjinou, a réuni les patrons de presse le 18 octobre à Ouagadougou. Il a exhorté les médias à ne pas jouer «le jeu des terroristes», selon Le pays.
«Lorsqu’on donne une information, on doit faire prévaloir l’intérêt général et se demander si elle sert d’abord le terroriste ou la population», a précisé le ministre, appelant à l’auto censure. A croire que les nouvelles ne sont vraiment pas rassurantes sur le front de la lutte contre le terrorisme.

Reste l’option française et le G5 Sahel. Paris a rappelé son soutien lors de la visite de Jean-Yves le Drian le 17 octobre 2018. «La France est disponible pour aider à la sécurisation de ce pays qui nous est très cher, qui est un partenaire à la fois amical et audacieux», a déclaré le ministre.

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