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Le Maroc aux portes de la Cédéao à la veille du sommet d'Abuja
Le Maroc se tourne de nouveau vers l’Afrique. Elle a déjà rejoint l’Union Africaine en 2017. Mais ce retour n’est pas toujours facile. Ainsi, le 52e sommet de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) d'Abuja qui s’ouvre le 16 décembre au Nigeria, n’acterait finalement pas l’adhésion immédiate du royaume à l’ensemble régional africain.
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Un sommet extraordinaire de la Cédéao devrait se tenir sur la question de l’adhésion du Maroc à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest en début d’année 2018, pense savoir la presse marocaine. Aujourd'hui, en tout cas, le Maroc a réussi à dépasser les oppositions diplomatiques provoquées par la question du Sahara occidental, et les seuls freins qui repousseraient l'adhésion immédiate du Maroc à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest sont d'ordre économiques et techniques (accords commerciaux notamment).
L’économie marocaine apparaît comme un poids lourd dans cette région d’Afrique (La Cédéao regroupe 15 pays). Résultat, certains pays se montrent inquiets. «Certains voient en effet dans l’adhésion du Maroc une porte ouverte à d’autres pays qui n’appartiennent pas à la région. Il est vrai que la Tunisie a aussi fait part de son souhait d’intégrer la Cédéao», note le média marocain h24info. Pour d’autres, la crainte se résume dans la question suivante: «Les entreprises marocaines auront accès à une vaste zone de libre-échange et de libre circulation des personnes, mais la réciproque sera-t-elle garantie?», précise h24info.
Inqiuétudes sur la puissance économique du Maroc
Cette crainte n’est donc pas politique, alors que le Maroc se définit comme «le pôle d'excellence du continent africain». «D’un point de vue commercial, le Royaume est le second partenaire africain, hors Cédéao, de la région, après l’Afrique du Sud», rappelle Telquel, ce qui suscite des inquiétudes dans certains milieux économiques africains qui craignent une concurrence difficile pour des secteurs en développement encore fragiles. Le journal évoque le Sénégal qui ne souhaite pas devenir «un souk d’importations» du royaume. Même type d’opposition au Nigeria, le poids lourd de la Cédéao, mais là, cette opposition se fait plus politique.
«La position du Nigeria, puissance économique, démographique, politique et militaire de la région, sera a priori déterminante. D’influents regroupements du secteur privé nigérian mais aussi d’anciens diplomates et des universitaires sont vigoureusement opposés à l’entrée du Maroc, qui, sans la remettre en cause, réduirait significativement l’influence du mastodonte nigérian au sein de la Cédéao», note Gilles Olakounlé Yabi, économiste et analyste politique, dans Jeune Afrique.
Des inquiétudes au Maroc même
Les craintes existent aussi du côté marocain. Au Maroc même, des voix se font entendre pour mettre en garde contre le libre-échange. Pour l’économiste marocain Najib Akesbi, «le Maroc, depuis qu’il signe des accords de libre-échange, est perdant sur toute la ligne», mais selon Rabat, cité par Le360, «la volonté du Maroc d’intégrer cet espace est une décision stratégique à forte dimension politique et economique (…) dans le cadre de la vision royale prônant l’intégration régionale comme vecteur d’accélération économique en Afrique.»
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