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L’Ethiopie tente de renouer le dialogue entre les frères ennemis sud-soudanais

Renouer le dialogue entre les frères ennemis sud-soudanais. C’est l’objectif du nouveau Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Il a invité à Addis Abeba le président Salva Kiir et son grand rival, le chef rebelle Riek Machar. Après l’échec d’un accord de paix conclu en août 2015, il veut encourager les deux hommes à mettre de côté l’immense défiance qui les oppose.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, devenu chef rebelle, se disputent le pouvoir depuis 2013 dans un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts. (Photo AFP/Simon Maina/Isaac Kasamani)

Après de nombreux rendez-vous manqués, le Premier ministre éthiopien espère que le président sud-soudanais et son ancien vice-président vont enfin travailler à la pacification de leur pays ravagé par la guerre civile depuis 2013. Leur entrevue prévue ce mercredi à Addis-Abeba demeure toutefois incertaine au regard des nombreux rendez-vous manqués qui ont émaillé les pourparlers de paix.

Cette rencontre annoncée de source officielle à Addis Abeba sera la première depuis les intenses combats qui ont secoué la capitale sud-soudanaise, Juba, en juillet 2016. Ces affrontements entre les forces du président Salva Kiir et celles de son grand rival Riek Machar avaient signifié l’échec d’un accord de paix conclu en août 2015. Il avait permis au chef rebelle d’être réinstallé au poste de vice-président et de revenir à Juba.

Des dizaines de milliers de morts
Après ces violences, Riek Machar avait dû fuir son pays. Il se trouve en Afrique du Sud mais continue de jouir d’une grande autorité sur son mouvement.

Le conflit, qui a éclaté en décembre 2013, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Depuis le début de la guerre, de nombreux cessez-le-feu ont été signés, sans jamais être respectés. Le dernier en date avait été scellé le 24 décembre 2017 dans la capitale éthiopienne. Puis violé dès son entrée en vigueur.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné jusqu’à la fin du mois de juin 2018 aux factions belligérantes pour faire respecter ce cessez-le-feu et arriver à un accord politique viable, brandissant dans le cas contraire la menace de sanctions. La communauté internationale, en premier lieu les Etats-Unis qui ont soutenu l’indépendance du pays et restent son principal donateur, pèsent de tout leur poids depuis plusieurs mois pour tenter de ranimer l’accord d’août 2015.

Il n’est pourtant pas certain que le président Salva Kiir soit disposé à faire la moindre concession, car ses troupes semblent en passe de prendre le dessus militairement face à une rébellion de plus en plus éclatée, rapporte l'AFP.

Distribution de l'aide alimentaire aux déplacés du camp de Bentiu au Soudan du Sud. Ouvert en janvier 2014, il ;accueille plus de 20.000 menages. (Photo AFP/Stefanie Glinski)

Le viol systématique des femmes
Dans cette impitoyable lutte pour le pouvoir qui oppose deux hommes, les populations civiles paient le prix fort. Sur une population de 12 millions de personnes, on estime que 2 millions sont réfugiées dans les pays voisins, en Ouganda, en Ethiopie et au Soudan. 7 millions d’autres, parmi lesquelles 4 millions de déplacés internes, sont directement menacées par la famine. 

Malgré la présence sur place de quelque 17.000 Casques bleus de l’ONU, les exactions abominables se poursuivent contre les civils. Les organisations non gouvernementales dénoncent le viol systématique des femmes et l’enrôlement des enfants dans les milices des deux camps.

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