Libye: divorce à l'italienne
Le rapprochement des deux camps libyens n'est pas une sinécure. L'opération menée par Emmanuel Macron est loin d'avoir tout réglé même si elle a permis aux deux pouvoirs de se rencontrer et de dialoguer à Paris en juillet dernier. L'homme mis en place par l'ONU, Fayez al-Sarraj, qui contrôle, plus ou moins, l'ouest du pays et l'homme fort de l'est, Khalifa Haftar, militaire soutenu par l'Egypte, se sont parlés... mais sur le terrain la situation n'a guère évolué.
Pour preuve, la demande de M.Sarraj à l'Italie d'envoyer des navires pour contrôler le trafic de migrants n'a pas du tout été appréciée par l'autre camp libyen qui hurle à la violation de l'indépendance nationale.
Rome ancienne puissance coloniale
Le navire “Comandante Borsini” a accosté le 2 août dernier au port de la base maritime de Tripoli , accompagné de bateaux de la Marine italienne. Une opération qui permet à l'Italie, ancienne puissance coloniale de la Libye, de reprendre pied dans les affaires d'un pays dont elle s'était sentie exclue par l'opération menée par Paris et d'attirer à nouveau l'attention de l'Europe sur la question des migrants, qui continuent à arriver principalement en Italie.
L'opération redonne aussi une certaine légitimité à l'homme installé par l'ONU qui avait été mis sur le même plan que le maréchal Haftar par Paris. Ce dernier a eu beau critiquer la venue des bateaux italiens, il n'a pu s'y opposer. Même si selon le journal tunisien TunisieNumérique, «des manifestations populaires ont été organisées à Tripoli par des activistes de la société civile et de simple citoyens qui ont exprimé leur opposition totale à l’arrivée de frégates italiennes sur les eaux territoriales libyennes. Ils ont brandi des portrait du héros historique de la résistance libyenne contre l’occupation italienne, Omar Mokhtar, entonnant des slogans hostiles à l’Italie et piétinant le drapeau italien qu’ils ont par la suite brûlé. Dans l’Est de la Libye , une manifestation similaire a été organisée à Beidha contre l’arrivée de navires militaires italiens, qualifiant cette décision de violation de la souveraineté libyenne».
De quoi inciter Rome à rester prudent par rapport aux luttes de pouvoir libyennes. Pour preuve, selon le Corriere della Sera, «les principaux représentants des services secrets italiens ont des réunions régulières avec Haftar».
Dans cette crise libyenne, le représentant de l'ONU, Ghassan Salamé, en visite à Tripoli où il a rencontré M. Sarraj, s'est lui aussi montré très diplomate se contentant de mettre en avant son «rôle dans le plus grand respect de la souveraineté nationale, l'indépendance et l'unité de la Libye». Bref, l'unification politique de la Libye n'est pas faite...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.