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Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise qui va diriger la Francophonie
La ministre rwandaise des Affaires étrangères a été nommée secrétaire générale de la Francophonie au dernier jour du sommet à Erevan, en Arménie. Louise Mushikiwabo, se présentait face à la secrétaire générale sortante, la Canadienne Michaelle Jean.
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Louise Mushikiwabo s'est lancée dans la bataille avec un atout de poids. La candidate du Rwanda était explicitement soutenue par la France, principal contributeur de l’OIF, et l’Union africaine qui regroupe la majorité des membres de l’organisation. C’est le président Emmanuel Macron en personne qui avait avancé le nom de la cheffe de la diplomatie rwandaise lors de sa rencontre à Paris avec le président Paul Kagame, le 23 mai 2018.
Une longue carrière de diplomate
Louise Mushikiwabo, 57 ans, est une habituée de la scène internationale. Ministre des Affaires étrangères du Rwanda depuis 2009, elle a multiplié les déplacements pour représenter son pays et son président Paul Kagame, dont elle est très proche. Louise Mushikiwabo est une diplomate hors norme qui s’exprime sans réserve ni langue de bois, mais toujours dans le sillage de la politique de l’homme fort de Kigali. Elle est d’ailleurs la porte-parole du gouvernement depuis près d’une décennie.
Plus de 20 ans aux Etats-Unis
Diplomate et communicante, Louise Mushikiwabo s’exprime aussi bien en anglais qu’en français. Après avoir grandi au Rwanda, elle décroche une bourse et quitte le pays en 1986 pour des études d’interprétariat aux Etats-Unis. Elle y vit pendant plus de 20 ans et épouse un américain. «J’ai choisi de m’installer à Washington parce que je voulais avoir de l’expérience en matière de lobbying et des relations publiques», expliquait-elle dans une interview au magazine Amina.
En 2008, elle regagne le Rwanda où elle entame sa carrière politique en tant que ministre de l’Information avant de prendre les rênes de la diplomatie.
Une candidature contestée
De nombreuses personnalités politiques et organisations internationales s’inquiètent de l’arrivée du Rwanda à la tête de la Francophonie. Outre la promotion de la langue française dans le monde, l’OIF a pour mission de soutenir la démocratie et les droits de l’Homme. Or, le Pays des mille collines n’est pas un bon exemple dans ces domaines. «Le régime dirigé d’une main de fer depuis 2000 dispose de l’un des pires systèmes de répression à l’égard des médias», souligne Reporters sans Frontières (RSF). Amnesty international dénonce de son côté l’espace politique «très limité» qui ne laisse aucune place à l’opposition.
Un choix politique
Interrogée sur cette question, Louise Mushikiwabo assure dans une interview à l’AFP que la «notion de démocratie et des droits, ce n’est pas toujours très clair et très précis». Elle se dit fière de la politique de son président «venu à un moment très difficile de l’histoire» du Rwanda.
Arrivé au pouvoir après le génocide de 1994, Paul Kagame a toujours accusé la France d’avoir une responsabilité dans ce génocide. Depuis, le Rwanda a pris ses distances avec la France et l’espace francophone. La candidature du Rwanda à la tête de la Francophonie pourrait inaugurer une nouvelle page entre Paris et Kigali.
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