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Nigeria: Boko Haram loin d'être vaincu en dépit des discours du président Buhari

Des combattants de Boko Haram ont pris le 15 juillet une importante base militaire et tendu deux embuscades dans le nord du Nigeria. Ces attaques témoignent de la capacité militaire intacte des djihadistes, alors que les autorités annoncent régulièrement la défaite du mouvement affilié à l’Etat islamique. Depuis 2013, l'insurrection aurait fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des militaires nigérians brandissent, le 23 août 2016, un drapeau de Boko Haram saisi dans la ville de Damasak (à la frontière avec le Niger), reprise en 2015 au groupe djihadiste. (REUTERS/Emmanuel Braun/File Photo)

Le 14 juillet 2018, les insurgés de Boko Haram ont envahi la base militaire de la 81e division de l’armée nigériane et mis en déroute ses 700 soldats. «Les terroristes, nombreux, ont lancé l'assaut vers 18h30 GMT et ont pris le contrôle de la base après de durs combats qui se sont prolongés jusqu'à 21h10», a déclaré à l'AFP une source militaire. Encore aucun bilan officiel mais, selon une source militaire: «Nous avons perdu au moins 31 soldats dont 3 officiers.»

Attaque d'une base militaire
La base attaquée était nouvelle, les soldats y avaient été récemment déployés de Lagos (sud), la capitale économique du pays.

Un chef d'une milice locale a attribué l'attaque de la base militaire à la faction Abou Musab al-Barnawi de Boko Haram, ce mouvement qui veut instaurer un califat islamique dans le nord du Nigeria. «Nous avons appris que les assaillants sont arrivés depuis le Lac Tchad, ont traversé Gubio (dans l'Etat voisin de Borno) avant d'attaquer la base», a-t-il soutenu.

«On nous a appris que les soldats ont été supplantés par des centaines de combattants de Boko Haram», a affirmé Fannami Gana, un habitant de la ville de Geidam, où les soldats nigérians rescapés se sont repliés.

Par ailleurs, 23 soldats nigérians sont toujours portés disparus après être tombés le 13 juillet dans une embuscade de Boko Haram dans l'Etat voisin de Borno. «Une centaine de terroristes avaient participé à cette attaque» qui a en outre permis aux insurgés de faire main basse sur des véhicules de l'armée, selon une source militaire.

L'ampleur et la sophistication des attaques de Boko Haram témoignent de la forte menace que fait peser ce groupe armé sur le nord du pays. Selon Yan Saint-Pierre, de la société Modern Security Consulting basée à Berlin, «Boko Haram, bien implanté, peut compter sur un afflux de combattants pour refaire ses forces, quoi qu'en disent les autorités nigérianes.»     

Un milliard de dollars pour l'armée
Pas moins de 220 attaques ont été dénombrées ces 12 derniers mois dans le nord-est du pays. Région pourtant entrée, selon les mots du président Muhammadu Buhari, «dans une phase de stabilisation post-conflit». Le président Nigérian a même répété il y a quelques jours que «l'insurrection était terminée».

La recrudescence de la violence met la pression sur le président nigérian qui avait (au lendemain de son élection) promis d'améliorer la sécurité dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

Cette nouvelle attaque est une mauvaise nouvelle pour le président  Buhari à 7 mois de l’élection présidentielle. En dépit du milliard de dollars débloqué par les autorités pour combattre le groupe djihadiste, Boko Haram est loin d’être vaincu.

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