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Omar al-Bachir, poursuivi par la CPI, voyage dans des pays amis dont le Maroc

La récente «visite privée» au Maroc du président soudanais Omar al-Bachir, sous le coup de deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale, a suscité de vives réactions de la part des associations de défense des droits de l'homme du royaume. Le Maroc, qui n'est pas signataire du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, avait déjà par le passé accueilli Omar al-Bachir.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président soudanais Omar al-Bachir (G) et le roi Mohammed VI du Maroc à Marrakech, le 15 novembre 2016, posent pour la COP22. (STR / AFP)

C'est la troisème fois en l'espace d'un an que le président soudanais foule le sol marocain. Sa présence dans le royaume a fait réagir une quarantaine d’acteurs associatifs, dont la Marocaine Aïcha El Basri, ancienne porte-parole de la mission de l’ONU au Darfour. «La visite d'un sanguinaire ne fait pas honneur à notre pays (...) et ne sert pas les intérêts du peuple marocain», lit-on dans cette pétition qu'ils ont adressé, début août, au chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani, demandant l’annulation de cette visite.

Pour les médias marocains, la principale raison de cette visite est une rencontre avec le Roi Salmane d'Arabie Saoudite en vacances dans son immense palais de Tanger où il séjourne depuis le 24 juillet. Les deux chefs d’État avaient déjà eu un tête-à-tête, en 2016, dans ce même palais qui, chaque été, voit défiler plusieurs chefs d’État et têtes couronnées, selon Jeune Afrique.


Depuis 2010, le président soudanais est visé par un mandat d'arrêt international pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Des crimes commis au Darfour, province de l'ouest du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile qui, selon l'ONU, a fait 330.000 morts. Ce qui ne l'empêche pas de continuer de voyager dans certains pays sans être inquiété. Après le Rwanda et l'Afrique du sud, Omar al-Bachir doit se rendre à Moscou la deuxième quinzaine d'août, invité par Vladimir Poutine

Une façon pour le président soudanais de maintenir la pression sur le président américain Donald Trump pour qu'il accélère la levée des sanctions contre Khartoum comme s'y était engagé son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, avant de quitter le pouvoir. Et en même temps de défier la CPI, puisque la Russie est signataire du traité de Rome, sans l'avoir toutefois ratifié, comme le rappelait récemment le site Geopolis Afrique.

Pretoria épinglé par la CPI
Quant à l'Afrique du Sud, la CPI l'a rappelée à l'ordre, le 6 juillet 2017, pour des fait qui remontent à 2015. A l’époque, en plein sommet de l’Union africaine, Omar al-Bachir est présent à Pretoria. Dans les heures qui suivent son arrivée, on apprend alors que plusieurs ONG locales ont saisi la justice pour forcer le gouvernement sud-africain à l’arrêter, écrit RFI. Pretoria a pris note du verdict et le président sud-africain Zuma a réitéré son intention de quitter la CPI

Quant au Soudan et au Maroc, ce sont les deux pays africains de la coalition arabe engagés dans la guerre saoudienne au Yémen qui n'ont pas rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, rappelle le site marocain Yabiladi (Mon pays). Baptisée «Tempête décisive», ce conflit est qualifié de guerre «la plus stupide du monde», selon certains observateurs avisés, lors de laquelle les civils, notamment les enfants, paient un très lourd tribut. 

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