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Rébellion au Tchad: faut-il craindre un scénario catastrophe contre Idriss Déby?
Que se passe-t-il aux frontières du Tchad avec ses voisins libyen et soudanais? Officiellement, rien à signaler. Mais les Tchadiens redoutent de plus en plus une nouvelle déflagration. Des groupes rebelles auraient repris les armes et chercheraient à nouer des alliances pour renverser le pouvoir du président Idriss Déby.
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Dans la capitale tchadienne, personne n’a oublié la panique qui s‘est emparée de la population en février 2008. Un raid rebelle avait failli renverser le président Idriss Déby quand une colonne armée venue de l’est du pays avait atteint les faubourgs de la capitale. Le pouvoir avait survécu grâce à l’intervention des avions de chasse de l’armée française qui avait stoppé les rebelles. Neuf ans après, des informations alarmantes circulent au sujet de factions rebelles qui s’activeraient aux frontières Nord et Est du pays.
L’Emirat du Qatar dans le collimateur de Ndjamena
Selon les spécialistes de la région, les rebelles tchadiens ont pu survivre et se reconstituer en territoire libyen depuis la chute de Kadhafi. Ils y auraient même trouvé du soutien et des armes. Selon Ndjamena, le Qatar figurerait parmi ces soutiens que le président tchadien Idriss Déby a dénoncés publiquement en l’accusant de prêter main forte à ses ennemis jurés.
«Nous connaissons ceux des Tchadiens qui séjournent régulièrement au Qatar. Ils doivent savoir que le Tchad est une république unie. Nous ferons face à tous ceux qui veulent remettre en cause la paix et la stabilité dans notre région…Tous ces mercenaires, tous ces terroristes, vont échouer au Tchad», a martelé Idriss Déby le 1er septembre 2017. Il a d’ores et déjà rompu toutes relations avec cet Emirat du Golfe.
«C’est Déby qui oblige les gens à faire la guerre»
Ces mercenaires et ces terroristes indexés par le chef de l’Etat tchadien, ce sont les rebelles de la coalition de l’Union des forces de la résistance (UFR) dont le chef, un certain Timan Erdimi, est son propre neveu. Il tirerait les ficelles depuis le Qatar où il a trouvé refuge fin 2009 après avoir tenté sans succès de renverser Idriss Déby.
«C’est Déby qui oblige les gens à faire la guerre», assure le porte-parole du mouvement politico-militaire. Youssouf Hamid dément toute implication du Qatar dans les activités de l’UFR et précise que leur objectif «est de rassembler les gens le plus largement possible» pour renverser le pouvoir à Ndjamena.
#Tchad. Opposition et rébellions au Tchad : après 27 ans, une présidence contestée via @franceculture https://t.co/XhfJUmNOJi
#Tchad. Opposition et rébellions au Tchad : après 27 ans, une présidence contestée via @franceculture https://t.co/XhfJUmNOJi
— Mariam K. (@MariamIndou) November 28, 2017
«Une nébuleuse rebelle extrêmement fragmentée»
Selon diverses sources, les factions rebelles qui s‘activent de nouveau aux frontières Nord et Est du Tchad sont pour la plupart issues de la coalition de l’Union des forces de la résistance qui n’a jamais renoncé à son projet de renverser Idriss Déby.
A Ndjamena, un officiel tchadien reconnaît, sous couvert d’anonymat, que «pour ne pas paniquer la population, le pouvoir fait semblant. Mais tout le monde sait que la situation n’est pas bonne, même au sein du pouvoir.»
Faut-il craindre un coup d’éclat d’une nouvelle rébellion similaire à 2008 contre Ndjamena? Pas dans l’immédiat, estime le chercheur Jérôme Tubiana, spécialiste du Tchad et du Soudan. «La nébuleuse rebelle reste extrêmement fragmentée. Face à une armée mieux équipée et mieux préparée, malgré quelques défections qui peuvent profiter aux rebelles», explique-t-il à l’AFP.
Pour lui, le contexte régional et l’état de l’opposition armée ne laissent pas augurer, dans l’immédiat, d’une offensive rebelle majeure: «Le Tchad et le Soudan maintiennent de bonnes relations aujourd’hui, contrairement à 2008 où le Soudan avait apporté son soutien aux rébellions tchadiennes sur son territoire», analyse le chercheur.
Reste à savoir comment va évoluer la brouille entre le Tchad et le Qatar dont le soutien aux rebelles tchadiens pourrait se faire plus direct dans le Sud-libyen, base arrière historique des rébellions tchadiennes.
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Idriss Déby fait le ménage
Au moment où plane le spectre d’une rébellion aux confins du Tchad et de la Libye, le président Idriss Deby a déjà pris les devants. Il a limogé de hauts responsables politiques et militaires de cette région qu’il accuse de laxisme et de laisser-aller.
Depuis son indépendance, le Tchad n’a jamais connu de changement de régime sans armes. «Toutes les factions rebelles qui ont défrayé la chronique ces trente dernières années ont pris racine dans les pays voisins», rappelle Marielle Debos, chercheuse et spécialiste du Tchad.
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