Sénégal : les femmes occupent près de la moitié des sièges de la nouvelle Assemblée
En une décennie, la loi sur la parité a permis de doubler le nombre de députées au Parlement.
Le Sénégal fait franchir un nouveau palier à la représentation politique des femmes avec une proportion record de députées dans le Parlement récemment élu. Elles sont 73 sur un total de 165 députés. Elles ne gagnent que deux sièges supplémentaires par rapport à la législature précédente, mais ça compte. Le pays d’Afrique de l’Ouest se classe ainsi par les meilleurs pour la parité hommes-femmes en politique. Pour le reste, il y a encore du chemin à parcourir sur la voie de l’égalité.
Une loi sur la parité
Plus de 44% des sièges de l’Assemblée nationale élue en juillet 2022 sont désormais occupées par des femmes. Tout cela est aujourd’hui possible grâce notamment à une loi de 2010 exigeant la "parité absolue" dans toutes les institutions électives, avec des listes de candidats alternant hommes et femmes. Cette loi a permis de doubler le nombre de députées au Parlement en dix ans.
Malgré cette progression importante, la représentation féminine reste inférieure à 50%. Les têtes de liste sont presque toujours des hommes et le nombre de candidats élus sur une même liste est souvent impair, comme l’explique une porte-parole de l'Assemblée nationale. Si on n’est pas encore la parité parfaite, il s’agit d’une bonne nouvelle puisque le Sénégal se classe ainsi au quatrième rang en Afrique et au 18e rang mondial pour la parité hommes-femmes au Parlement, loin devant la France, la Grande-Bretagne, la Suisse et les Etats-Unis, selon l'Union interparlementaire, une organisation basée à Genève. Le Rwanda reste le meilleur élève de ce classement.
"Avoir leur mot à dire"
Au-delà de la représentation politique, le Sénégal arrive au 130e rang sur 189 dans un classement des Nations unies sur l'égalité des genres. Pas de quoi décourager les élues de la République. Aminata Touré, qui a occupé le poste de Première ministre et celui de présidente du Conseil économique et social confie à l'AFP que la forte présence de femmes à l'Assemblée leur permet d' "avoir leur mot à dire" sur le budget et leurs différentes préoccupations.
La loi criminalisant le viol, adoptée en 2020, a "largement été poussée" par des femmes députées, a précisé Maimouna Yade, responsable de l’organisation de femmes JGEN.
Une marge de progression
Cependant, d’autres sujets restent en suspens : par exemple, l’élargissement de l’accès à l’avortement ou bien encore l’âge de mariage pour les filles. De nombreuses associations demandent que l’âge minimum du mariage (16 ans aujourd’hui) soit porté à 18 ans comme pour les garçons afin que les filles puissent terminer leur scolarité.
Même si beaucoup reste à faire pour les droits des femmes, les organisations se réjouissent des avancées réalisées ces dernières années. Parmi elles, la loi sur la parité ou celle permettant aux Sénégalaises mariées à des étrangers de transmettre leur nationalité à leurs enfants. De nombreuses voix plaident pour que la parité soit appliquée au gouvernement et au secteur privé.
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