Raid militaire de Gbagbo contre l'opposition: une dizaine de morts
Le quartier d’Abobo, au nord d’Abidjan, est le témoin depuis hier d’une violente offensive, menée par les partisans du président sortant Laurent Gbagbo. Le quartier est en effet le fief des soutiens à Alassane Ouattara, seul président élu reconnu par la communauté internationale. Objectif pour les 600 membres de Forces de défense et de sécurité de Laurent Gbagbo : “Débarrasser Abobo des terroristes” , par la force. Réponse du camp adverse : c’est une “tuerie aveugle de civils innocents.”
Les habitants de la zone décrivent, eux, l’arrivée des chars dans ce quartier, le plus peuplé d’Abidjan (1.5 millions d’habitants), dès la fin de matinée, samedi. Puis ils évoquent des tirs de blindés et d'armes automatiques. Les affrontements se sont poursuivis tard dans la nuit, et ont donc tué au moins huit personnes, visiblement âgées d’une vingtaine d’années.
Ce raid militaire est la première opération d’envergure depuis l’élection présidentielle du 28 novembre, dont les résultats ont été certifiés par les Nations Unies. Depuis, le président sortant Laurent Gbagbo refuse de quitter le pouvoir, tandis qu’Alassane Ouattara vit reclus dans un hotel d’Abidjan. Peu à peu, le quartier d’Abobo est devenu l’épicentre des troubles ivoiriens. L’embrasement de ce week-end fait suite à une réunion de l’Union Africaine, jeudi, au cours de laquelle l’organisation interétatique a reconnu Alassane Ouattara comme étant l’unique dirigeant du pays, ce que conteste fortement le camp Gbagbo.
Tentative peut-être désespérée de conserver le pouvoir, ce raid laisse présager le pire quant à l’avenir du pays. Pour l'heure, un calme précaire règne dans le quartier d'Abobo. Certains observateurs redoutent notamment l’éclatement d’une guerre civile, après l’échec des négociations entre le camp Gbagbo et l’Union Africaine. Celle-ci proposait la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, placé sous la houlette d’Alassane Ouattara. La crise ivoirienne a déjà fait plusieurs centaines de morts, ainsi que le déracinement d’un demi-million de déplacés et de réfugiés.
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