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En RD Congo, les mouvements citoyens sont au cœur de la contestation

La République démocratique du Congo a vécu un Noël ensanglanté. 100 à 175 personnes, selon les sources, ont été tuées durant une semaine de violences. Elles font suite à la décision du président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Arrestation lors d'une manifestation pour réclamer le départ de Joseph Kabila. (Filimbi)

Leur mot d’ordre est on ne peut plus clair :«ByeBye Kabila» qui se décline en hashtag sur les réseaux sociaux. Le mouvement se nomme Lucha, pour Lutte pour le changement. Un mouvement citoyen qui se dit non-violent et non-partisan, composé de jeunes Congolais issus de tous milieux et de toutes origines.
 
Depuis le 19 décembre 2016, date de l’ultime jour du mandat du président Kabila, Lucha multiplie les manifestations. «La Lucha appelle les Congolaises et les Congolais à occuper pacifiquement les sièges et les symboles des institutions de la République».
 
Pour l’heure, le mouvement subit surtout la répression du pouvoir, et ne compte plus les militants arrêtés.




Plus grave, on est sans nouvelle de certains militants. Gloria Sengha Panda, une juriste de 23 ans, n’a plus donné de nouvelles depuis le 16 décembre. A Kinshasa, huit membres des mouvements citoyens sont portés disparus. Ainsi, l’épouse de Carbone Beni, membre de l'organisation Filimbi, est sans nouvelle de son mari depuis 15 jours. «Je ne sais où on l’a amené. Je ne lui ai pas parlé. Je ne l’ai pas vu. C’est très compliqué pour moi», témoigne Nicole Kapinga sur RFI.
 
Le cardinal congolais Laurent Monsengwo a été particulièrement critique à l’égard du pouvoir. «Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu’on ne puisse le quitter que par les armes», a-t-il déclaré lors de son message de Noël. Beaucoup y ont vu un soutien sans faille au mouvement Lucha.


Le pouvoir et l’opposition négocient malgré tout, sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Un accord pourrait être trouvé, qui prévoit un prolongement d’un an du mandat de Kabila, afin d’organiser des élections à la fin de l’année 2017.

Pendant ce temps, la répression continue. Franck Diongo, président d’un petit parti, a été condamné le 29 décembre 2016 à cinq ans de prison par la cour suprême de la justice. On l’accuse d’avoir séquestré trois soldats le 19 décembre. Franck Diongo est farouchement opposé aux discussions en cours.


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