LA PHOTO. Les Congolais poussés vers la sortie par l'Angola
Les autorités angolaises avaient prévenu et posé un ultimatum: les personnes présentes illégalement en Angola étaient priées de rentrer chez elles. Elles ont tenu parole et expulsé manu militari des centaines de milliers d'illégaux et de réfugiés de la région du Kasaï. Pas de tri, pas de détail et pas de quartier. Les expulsés se retrouvent en perdition de l'autre côté de la frontière.
C'est un exode forcé où chacun emporte ce qu'il peut. Ils sont près de 250.000 à avoir traversé la frontière angolo-congolaise, après l'avoir franchie une première fois dans l'autre sens. Les autorités angolaises ont décidé que quel que soit leur état de santé, attendus de l'autre côté ou pas, propriétaires de biens sur place ou pas, tout Congolais et autres résidents illégaux devaient être partis au 1er novembre 2018. Pour autant, selon Philippa Candler, porte-parole du HCR à Luanda, les autorités angolaises sont favorables au retour des réfugiés expulsés par erreur. «Ils nous ont assuré à tous les niveaux que ce n’était pas du tout leur intention d’impliquer des réfugiés dans cette opération, et ils veulent à tout prix essayer d’éviter cela», assure-t-elle à RFI. «Le droit international et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdisent l’expulsion collective des étrangers sans recourir à une évaluation individuelle et la garantie d’une procédure régulière», a tenu à rappeler la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, notant qu’en expulsant un si grand nombre de personnes en si peu de temps, l’Angola a mis des dizaines de milliers de familles en danger. C'est ainsi que de multiples malades, porteurs entre autres de la tuberculose, rentrent dans leur pays d'origine, au risque de propager des épidémies en République Démocratique du Congo, en Guinée, ou ailleurs. Cet afflux massif de personnes pose des problèmes tant de sécurité que de santé. 80% des étrangers en Angola sont sans papiers, et les autorités n'hésitent pas à inciter les bailleurs à dénoncer leurs locataires sans papiers, quitte a s'approprier leurs biens, quand ils seront jetés en prison. Une crise humanitaire se profile dans la région du Kasaï submergée par ces familles déplacées et sans point de chute.
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