Cet article date de plus de sept ans.

La spectaculaire évasion de prison du député-gourou Ne Muanda Nsemi à Kinshasa

Le chef de la secte politico-religieuse Bundu Dia Kongo (BDK) et des dizaines d'autres prisonniers se sont Ă©vadĂ©s de la plus grande prison de Kinsasha aprĂšs une attaque armĂ©e dans la nuit du 16 au 17 mai 2017. La police a lancĂ© une chasse Ă  l’homme dans la capitale de la RDC, visant particuliĂšrement Ne Muanda Nsemi.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
La police congolaise est à la recherche de Ne Muanda Nsemi.  (JUNIOR D. KANNAH / AFP )

La date choisie pour cette évasion spectaculaire est hautement symbolique. Le mercredi 17 mai est férié en République démocratique du Congo : le pays commémore cette année le vingtiÚme anniversaire de la chute du dictateur Mobutu Sese Seko et l'avÚnement du chef rebelle Laurent-Désiré Kabila, pÚre de Joseph. «Les adeptes de Bundu Dia Kongo ont attaqué dÚs l'aube la prison de Makala, faisant évader une cinquantaine de prisonniers dont leur gourou, Ne Muanda Nsemi. La police poursuit les assaillants», a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement congolais,Lambert Mende.
 
Gourou et homme politique, dĂ©putĂ©, Ne Muanda Nsemi est le chef de Bundu Dia Kongo (BDK, Royaume du Kongo en kikongo), mouvement politico-religieux prĂŽnant une scission du Kongo-central (province de l'Ouest de la RDC) et accusĂ© d'avoir menĂ© une sĂ©rie d'attaques meurtriĂšres contre des symboles et des reprĂ©sentants de l'État en janvier et fĂ©vrier 2016.


Lors de cette attaque Ă  l’arme lourde de la plus grande prison de Kinshasa (8.000 personnes), qui a eu lieu vers 4 heures du matin, plusieurs dizaines de personnes, dont Ne Muanda Nsemi et nombre de ses adeptes, ont rĂ©ussi Ă  s’évader.

Ne Muanda Nsemi a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dĂ©but mars aprĂšs deux semaines de siĂšge de sa rĂ©sidence Ă  Kinshasa. Il avait appelĂ© auparavant Ă  un soulĂšvement contre Joseph Kabila aprĂšs une tentative avortĂ©e de rapprochement avec le chef de l'État. Bundu Dia Kongo prĂŽne la restauration du royaume Kongo, qui a connu son apogĂ©e au XVIe siĂšcle et dont l'autoritĂ© s'Ă©tendait sur l'actuel Kongo-central et des territoires aujourd'hui administrĂ©s par l'Angola, le Congo-Brazzaville et le Gabon.

 
En 2008, la secte avait Ă©tĂ© visĂ©e par une violente opĂ©ration militaire, aprĂšs avoir menĂ© une sĂ©rie d'attaques contre des agents de l'État et avoir appelĂ© la population locale Ă  chasser les «non-originaires» de la province .
 
L'attaque contre la prison de Makala ne va pas sans rappeller l'évasion tout aussi spectaculaire d'un chef de milice congolais Kyungu Mutanga, alias Gédéon, condamné pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il avait été exfiltré en 2011 d'une prison de haute sécurité à Lubumbashi, capitale de l'ancienne province du Katanga (sud-est). Il est sorti de la clandestinité en octobre 2016 à Lubumbashi, à l'occasion d'une cérémonie officielle organisée à l'occasion de sa reddition «à l'appel du président» Kabila. Depuis lors, il vit officiellement en résidence surveillée.  
 
La police congolaise a rĂ©ussi Ă  arrĂȘter quelques Ă©vadĂ©s de l'opĂ©ration du 17 mai, mais nulle trace de Ne Muanda Nsemi. 

Lancez la conversation

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour commenter.