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Sahara: le Maroc et le Polisario seront tous les deux au sommet UA-UE d'Abidjan

A une semaine du sommet Union africaine-Union européenne dans la capitale ivoirienne, l’épineux dossier du Sahara occidental ne devrait pas gripper la machine diplomatique. Si Alger a réussi à y imposer la présence du Front Polisario, Rabat se refuse à pratiquer cette fois-ci la politique de la chaise vide, l’UE ayant fait savoir qu’elle ne reconnaîtrait pas la RASD malgré sa participation.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des réfugiés sahraouis accueillent le nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, dans le camp de Tindouf en Algérie, le 18 octobre 2017. (RYAD KRAMDI/AFP)

Après des semaines de tergiversations autour de l’appellation du sommet qui doit se tenir les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan : sommet «Afrique-Union européenne», comme les 5 précédents, ou sommet «Union africaine-Union européenne», c’est la deuxième qui a prévalu.
 
A l'origine de ce débat, l’insistance d’Alger à opter pour UA-UE afin de s’assurer de la participation de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), au titre de membre de l’Union africaine d’une part et les réserves de Rabat qui cherchait justement à l’éviter, de l'autre. 

La République Arabe Sahraouie Démocratique confirme sa participation 
En adoptant l’appellation «Sommet UA-UE», les deux institutions panafricaine et européenne ont tranché, ignorant les pressions du royaume chérifien. Quant à la présidence de la commission de l’UA, elle a émis une note réitérant l’engagement de la Côte d’Ivoire «à assurer les conditions appropriées et à prendre les mesures utiles pour la participation de tous les Etats membres» au sommet d’Abidjan.

C’est ainsi que le 28 octobre 2017, «à la lumière d’une note de la Côte d’Ivoire invitant tous les Etats membres de l’UA, sans exclusive», à y participer, la RASD confirmait sa présence à Abidjan.
 
Dans son communiqué, le ministère sahraoui de l’information en profitait même pour saluer «la clairvoyance et la sagesse» des dirigeants de l’UA, qui représente désormais «un partenaire respecté par les peuples africains et dans ses relations avec les partenaires étrangers».
 

De son côté, le ministère algérien des Affaires étrangères a pris acte du résultat des consultations menées par le président de la commission de l’UA. Il s'est réjoui que «les garanties données par le gouvernement de la Côte d’Ivoire en vue d’assurer la participation de tous les Etats membres viennent s’ajouter à cet héritage africain de dignité, de solidarité et de fraternité, comme elles témoignent de la tradition d’hospitalité de la Côte d’Ivoire».

Le Maroc opte pour une approche plus souple 
Une position qui écarte par la même occasion l’hypothèse d’un boycott du sommet par les pays du continent ayant reconnu la RASD, dont des ténors tels que l’Afrique du Sud, l’Angola, le Mozambique ou l’Ouganda.

Un enthousiasme qui risque toutefois d’être de courte durée. La question non réglée du Sahara Occidental, qui mine les relations entre l’Algérie et le Maroc depuis plus de 40 ans, avait entraîné, il y a 33 ans, le retrait marocain de l’UA, en raison de l’admission de la RASD dans l’organisation panafricaine.

De retour au sein de l’Union à la faveur du sommet d’Addis Abeba en janvier 2017, le Maroc semble avoir opté pour une approche plus souple de ce conflit. Selon une source proche du dossier à Rabat, citée par l’hebdomadaire Jeune Afrique, le royaume exclut désormais de pratiquer la politique de la chaise vide dans des sommets auxquels participeraient les indépendantistes sahraouis.
 
Le Maroc pourrait être représenté «au plus haut niveau» - celui du roi Mohamed VI lui-même - estime cette source, même s’il est acquis que la RASD y participera. Selon Jeune Afrique, «la diplomatie marocaine se dit d’autant plus ''sereine'' que la possibilité de voir la réunion d’Abidjan déboucher sur une reconnaissance de facto de la RASD par l’UE est exclue».

«L'Union européenne ne reconnaitra pas la RASD» 
En effet, à ceux qui, comme le Front Polisario, envisagent une telle hypothèse, l’Union européenne a infligé un désaveu sans équivoque.
 
«L’UE ne reconnaîtra pas la RASD même si elle participe au sommet avec l’Afrique», a déclaré le 15 novembre 2017 la porte-parole de la politique étrangère et de la sécurité de l’Union européenne.
 
Pour Catherine Ray, citée par l'agence espagnole EFE «toute participation à ce sommet, comme c’est le cas pour toutes les réunions internationales de cette nature, ne constitue pas une modification de la position de l’UE concernant la reconnaissance de la RASD ».
 
 

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