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Fatma Samoura, ce souffle «nouveau» voulu par la Fifa

La Sénégalaise Fatma Samba Diouf Samoura incarne toutes les ambitions d'une organisation en quête de diversité et qui cherche à redorer son image après les affaires de corruption qui ont éclaté en 2015. Le Mondial en Russie s'est achevé, la controverse autour du Qatar devrait encore se poursuivre alors que se prépare la Coupe du monde féminine en France. Au milieu, «Mrs Samoura» mène sa barque.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Fatma Samoura et les volontaires du Mondial 2018 à Moscou, en Russie le 9 juillet 2018. (VITALIY BELOUSOV / SPUTNIK)

Sur Twitter, elle a commenté les matchs, posé avec les grands noms du football tout comme avec les anonymes, salué les vaincus et félicité les vainqueurs à l'instar de ses équipes. Fatma Samba Diouf Samoura vient de boucler le Mondial 2018 qui s'est déroulé en Russie, son premier depuis sa prise de fonction en juin 2016 en tant que secrétaire générale de la Fédération internationale de football (Fifa). Désormais, ses yeux sont certainement tournés vers le Qatar où la prochaine Coupe du monde se tiendra, pour la première fois, en hiver.

La première femme et le premier ressortissant du continent africain à occuper ce poste n'a pas chômé depuis qu'elle est à la tête de l'administration de l'organisation internationale. Lors de l'annonce de sa nomination, le 13 mai 2016, le président de la Fifa Gianni Infantino n'avait pas caché les raisons de son choix. Outre son expérience de plus de vingt ans au sein des Nations Unies, où elle a coordonné des programmes humanitaires qui l'ont emmenée «à diriger des grandes organisations, de gros budgets», il a estimé que la Sénégalaise apportait «un vent nouveau» à la Fifa. «Quelqu'un de l'extérieur, a-t-il ajouté, pas quelqu'un de l'intérieur, du passé. Mais quelqu'un de nouveau qui peut nous aider à préparer l'avenir. Car nous devons être sérieux quand nous affirmons que nous voulons de la diverstité et que nous croyons à l'égalité entre les sexes.»

Symbole de diversité et de renouveau pour l'instance dirigeante du football, Fatma Samoura est nommée quelques mois après le «Fifagate», l'affaire de corruption au sommet de l'exécutif de l'organisation qui a éclaté en 2015. La Fifa s'est investie dans la lutte contre ce fléau et veille plus que jamais à soigner et à préserver son image. Fatma Samba Diouf Samoura, une habituée des situations de crise, est le chef d'orchestre de ce mouvement. 

Renouveau, diversité et football féminin
A l'approche du Mondial 2022 au Qatar, qui fait lui aussi l'objet de controverses, la secrétaire générale de la Fifa est toujours invitée à se prononcer sur ces questions sensibles. D'autant qu'elle doit s'assurer que les migrants qui travaillent sur les chantiers de la future Coupe du monde le fassent dans les meilleures conditions. «Au cours des six derniers mois, nous n'avons rien entendu de négatif au sujet de la condition des travailleurs au Qatar», a-t-elle indiqué à la BBC en mai 2018. 

Fatma Samoura répond donc aux questions tout en rappelant dès qu'elle le peut, comme dans cet entretien accordé à France 24 en mars 2018«la priorité» de l'organisation internationale «aujourd'hui»: «Utiliser le football comme un instrument de socialisation pour permettre aux jeunes femmes et également aux jeunes garçons de pouvoir un jour faire carrière.» 

Par ailleurs, soulignait-elle, dans un entretien accordé à TV5 en octobre 2016, «aujourd'hui plus que jamais, la politique de la Fifa est zéro tolérance pour tout ce qui est acte discriminatoire». «Je pense, poursuivait-elle, qu'en tant qu'Africaine, femme, musulmane, à la tête de la Fifa, on ne peut pas trouver un meilleur avocat pour pouvoir parler de l'équité, du droit des femmes et de la non-discrimination parce que ce sont des choses que je vis au quotidien.» Elle confiait ainsi à la BBC: «Il y a des gens qui ne pensent pas qu'une femme noire devrait diriger l'administration de la Fifa, c'est parfois aussi simple que ça.»

Si elle reste pragmatique, Fatma Samoura considère néanmoins que «le plafond de verre a été brisé» avec sa nomination. Mais la tâche n'est jamais aisée. La secrétaire générale a été récemment accusée de conflit d'intérêts à propos de la candidature du Maroc en 2026. Après enquête, elle a été blanchie.

Dans l'immédiat, un autre évènement mobilise son attention: la prochaine Coupe du monde féminine organisée en 2019 par la France. Car elle illustre une conviction profonde rapportée sur le site de la Fifa: «Toute société qui essaye de mettre en œuvre des changements durables pour un monde plus inclusif peut le faire encore plus avec le football. Avec le football, nous pouvons réaliser de plus grandes choses dans un temps record».

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