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Le Sénégal signe un accord de paix avec une partie des rebelles casamançais

Cet accord de désarmement a été signé, grâce à la médiation de la Guinée-Bissau, avec une faction du Mouvement des forces démocratiques de Casamance.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui réclame l'indépendance de la région, près d'un de leurs camps situé à la frontière avec la Gambie, à Baipal, le 14 février 2022. (MUHAMADOU BITTAYE / AFP)

Le Sénégal a signé le 4 août 2022 à Bissau, la capitale de la Guinée-Bissau, un "accord de paix" avec certains groupes de la mouvance rebelle de Casamance qui se sont engagés à déposer les armes et à œuvrer pour le retour définitif de la paix dans cette région située au sud du pays, entre la Gambie et la Guinée-Bissau. 

La Casamance a été une possession portugaise pendant plusieurs siècles avant d'être cédée à l'empire colonial français en 1888, puis d'être intégrée au Sénégal au moment de l'indépendance de celui-ci en 1960. La Casamance est le théâtre d'une des plus vieilles rébellions africaines en activité.

Le chef rebelle César Atoute Badiate, à la tête de l’importante unité sud du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), et un émissaire du président sénégalais Macky Sall ont signé cet accord à la présidence de la République bissau-guinéenne.

"Vous êtes entrés dans le maquis quand j'avais 10 ans. Aujourd'hui, j'en ai 50. Je crois que ça suffit maintenant. (...) Combien de personnes sont mortes, mutilées ou ont quitté leur village ? Nous allons vous accompagner dans la recherche de la paix", a déclaré le chef de l'Etat bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, en s'adressant au chef rebelle casamançais. "Je puis vous assurer que nous allons être les garants de cet accord", a poursuivi le président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Une rébellion affaiblie

Le MFDC a été affaibli ces dernières années par la chute des régimes amis en Gambie et en Guinée-Bissau, deux pays qui lui servaient de base arrière. L'armée sénégalaise a, par ailleurs, accentué depuis février 2022 ses opérations contre des bases de la rébellion, avec un certain succès.

Le chef rebelle Atoute Badiate, malade et condamné à la prison à perpétuité pour assassinat et insurrection armée, a été poussé à signer un accord que certains spécialistes de la région présentent comme "une reddition". Ce dernier ne sera pas nécessairement suivi par les autres composantes du MFDC. Comme le groupe armé de Salif Sadio, aujourd’hui le plus combattif à la frontière gambienne, qui n’a pas signé le document encore confidentiel pour l'heure. On ne sait pas, par exemple, si le chef rebelle Atoute Badiate, a négocié une grâce pour lui et ses proches.

Une priorité pour Macky Sall


Macky Sall a fait de la "paix définitive" en Casamance l'une des priorités de son second mandat. Le président sénégalais espère se relancer, en annonçant cette perspective en Casamance, après 40 années de conflit ayant causé plusieurs milliers de morts.

"Je reste engagé pour la consolidation de la paix durable en Casamance", a tweeté le président Macky Sall qui a "salué" l'accord et remercié son homologue Umaro Sissoco Embalo pour sa médiation.

Dans un à entretien à la chaîne francophone TV5, le chercheur Jean-Claude Marut soulignait que "le Sénégal a besoin de redéployer ses forces armées face à la montée djihadiste à ses frontières, alors que le conflit casamançais mobilise un tiers de ses forces". 

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