Cet article date de plus de trois ans.

Vidéo Comment l'inceste est-il puni en Allemagne, en Italie, aux États-Unis et au Sénégal ?

Publié
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par franceinfo
Radio France

Chaque semaine dans le monde en face, une même actualité vue par quatre correspondants de franceinfo. Aujourd'hui, direction l'Allemagne, l'Italie, les États-Unis et le Sénégal pour savoir quelle est la législation sur l'inceste dans ces pays.

Depuis la publication du livre de Camille Kouchner, La Familia grande, la France semble enfin être en train d'ouvrir les yeux sur la question de l'inceste. Les débats se multiplient, la parole se libère, les révélations se succèdent. Le tabou est peut- être en train d'être levé. Cette semaine, nous allons voir si c'est également le cas à l'étranger. Si des débats ont lieu, s'il y a également des tabous ou si les lois sont strictes ou pas. Nous vous emmenons en Allemagne, en Italie, aux États-Unis, et au Sénégal.

En Allemagne, la législation est rigoureuse, et pénalise strictement l'inceste, y compris entre adultes consentants. C'est d'ailleurs également le cas en Angleterre ou au Danemark, mais ce n'est pas le cas en France. Outre la pénalisation, il y a un point fort dans la loi, il s’agit du délai de prescription, il est de 20 ans. Il est plus long qu'ailleurs, si bien qu'une victime aujourd'hui – et depuis janvier 2015 – peut déposer plainte jusqu'à l'âge de 50 ans. Pour autant, il y a quand même des controverses sur le sujet dans le pays, en particulier sur le déficit d'éducation à ce propos dans certains États allemands. Ils regardent le problème en spectateur, estime M. Rörig, le commissaire indépendant du gouvernement fédéral chargé des abus sexuels sur mineurs. Depuis 2011 et jusqu'en décembre, il avait son bureau au ministère de la Famille et de l'Enfance. Il a claqué la porte, et ça n'a suscité aucun débat, quasiment aucune réaction.

En Italie, l’inceste est passible de poursuites pénales, jusqu’à huit ans de prison, y compris entre adultes consentants. La loi différencie l'inceste, considéré comme une infraction contre la morale familiale, et l'infraction sexuelle. Il y a inceste à partir du moment où il y a "scandale public". La Cour de cassation italienne définit le "scandale public" comme "un sentiment de trouble profond qui touche un nombre indéterminé de personnes sans lien avec la famille". Par exemple, il y a "scandale public" lorsqu'une jeune fille tombe enceinte après une relation incestueuse ; auquel cas, on parle bien "d'inceste" et de "morale familiale". Mais il y a bien sûr une infraction de crime sexuel en Italie. Et là, il s'agit d'une question de consentement et d'âge : en dessous de 14 ans, c'est un crime sexuel. Et entre 14 ans et 16 ans, même consentie, si la victime est abusée par un ascendant, il y a aussi infraction de crime sexuel.

Aux États-Unis, on considère que chaque année, environ 60 000 enfants sont victimes de violences sexuelles. Et ces violences sexuelles se déroulent dans un cas sur trois à l'intérieur du cadre familial. Mais cette question de l'inceste est parasitée par un autre débat, celui sur l'avortement. Ces dernières années, plusieurs États – Ohio, Alabama, Mississippi – ont adopté des lois particulièrement restrictives qui, quasiment, interdisent l'interruption volontaire de grossesse, même en cas de viol et même en cas d'inceste. Jusqu'ici, ces lois ont été suspendues par le gouvernement fédéral.

Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays, le sujet est tabou. Si tabou que les cas d'inceste traités par la justice sont extrêmement rares. Il faut dire qu'au Sénégal, non seulement c'est la loi du silence qui règne, on préfère laver son linge sale en famille, mais en plus, les victimes d'inceste qui tombent enceintes sont rejetées par leurs proches. Cela entraîne des drames. Les cas d'infanticide sont nombreux, les cas d'avortement clandestin également, et ce, pour une raison simple : il est interdit d'avorter au Sénégal, même en cas de viol et d'inceste. Il a d'ailleurs fallu attendre 2019 pour que le viol ne soit plus considéré comme un délit, mais comme un crime. Les coupables encourent des peines de prison plus lourdes, pouvant aller jusqu'à la réclusion à perpétuité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.