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Seychelles: «Nous sommes loin de tout, c'est difficile de retraiter les déchets»

Les électeurs se rendent aux urnes du 8 au 10 septembre 2016 pour élire leur Parlement. Dans cet archipel paradisiaque de l’océan Indien de 115 îles, un des thèmes de la campagne est la gestion des déchets. Un vrai casse-tête pour ce pays situé à près de 2000 km du continent africain. Michèle Martin, directrice de «Sustainability for Seychelles», tente d’y apporter des réponses.
Article rédigé par Marc Taubert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'archipel des Seychelles est paradisiaque. Mais depuis deux décennies, il fait face à un afflux de touristes et de déchets. Un problème difficile à gérer pour ce petit territoire. (STORM STANLEY / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERTHARDING / AFP)

Quelle est la situation des Seychelles face au problème des déchets?
Il y a une forte croissance de la production des déchets. Comme il y a beaucoup de tourisme, beaucoup de produits sont importés, et la consommation locale augmente. Deux problèmes existent. D’abord, les produits importés utilisent beaucoup d’emballages et polluent énormément, comme le polystyrène. Ensuite, une fois ces produits utilisés, il reste encore beaucoup de déchets. C'est le cas, quand nous achetons un réfrigérateur.

Cette problématique est d’autant plus importante que nous n’avons pas mis en place de normes de qualités efficientes et la qualité des produits que l’on reçoit n’est pas toujours très bonne. Nous n’avons pas de réel système de retraitement, donc le frigo va aller à la décharge alors que beaucoup de pièces pourraient être recyclées. Mais c’est très difficile de mettre cela en place car nous n’avons pas de gros marché.
 
Nous avons trois décharges, car la majorité des 90.000 habitants vivent sur trois îles. Mais elles prennent de la place, alors même que nous avons très peu de terres.
 
Michèle Martin, directrice de »Sustainability for Seychelles». (Michèle Martin)

Qu’est-ce qui est fait pour gérer ce problème des déchets?
Comparé à d’autres îles, nous avons depuis longtemps un système de collecte relativement efficace. Mais nous sommes éloignés de tout, nous ne pouvons pas nous permettre de recycler la majorité des déchets car nous n’en avons pas les moyens.
 
Actuellement, les bouteilles en plastique, les canettes et la ferraille sont recyclées et vendues à l’étranger. Mais pour beaucoup d’autres produits, cela ne vaut pas le coup, donc tout est stocké dans les décharges.
 
Pendant des années, il y avait une décharge à Mahé, l’île principale. Mais elle était installée sur un terrain fait d’anciens coraux et le sol était donc poreux. Quand il pleuvait, notamment lors des moussons, des liquides toxiques s’infiltraient dans la mer. Heureusement, elle a été fermée il y a un an. Depuis, une autre a été ouverte, plus aux normes et considérée comme high-tech. Un système permettant de récolter ces liquides a été installé et ils sont traités. Les autorités prévoient également d’installer une usine permettant de créer de l’énergie à partir des déchets. Mais la capacité de la décharge va vite être atteinte. Dans six ou sept ans, on prévoit qu’elle va être pleine, et on ne va pas pouvoir en construire indéfiniment.

Quelles sont les solutions que vous proposez?
Une première chose, et simple, c’est de consommer moins pour produire moins de déchets, mais aussi de consommer des produits de meilleure qualité pour qu’ils durent plus longtemps.
 
Le gouvernement veut interdire les sacs plastiques et le polystyrène. Mais surtout, je pense que nos efforts doivent porter sur l’éducation. Par exemple, dans les petites îles où les gens vivent à l’écart, on ne peut et on ne pourra jamais contrôler les comportements. Il faut habituer les habitants à devenir responsables.
 
Il y a 20 ans, tout le monde avait des cocotiers et quand on avait besoin de jus, on le récoltait. Maintenant, on l’importe. Mais depuis un an, une entreprise locale en produit à nouveau. Ce sont des processus qui sont longs à se mettre en place mais qu’on voit ressurgir. Beaucoup d’hôtels s’impliquent sur ces problématiques. Mais souvent, ils ne peuvent pas faire grand-chose. Ils demandent des produits locaux, mais peu d’entreprises sont capables de leur fournir les quantités nécessaires.
 
Sur le recyclage, il y malgré tout encore à faire. Beaucoup de déchets biologiques vont dans le système de collecte qui atterrit à la décharge. Or, on pourrait les valoriser, et c’est ce qu’on essaie de faire. Mais je suis optimiste, les gens s’emparent du sujet et les entreprises aussi. Nous avons de plus en plus de demandes de leur part pour créer un marché des déchets, et c’est quelque chose qui peut nous être très utile.

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