À vrai dire. Peut-on dire que 7 Sénégalais sur 10 pratiquent la dépigmentation de la peau ?
Le chiffre est alarmant. Selon plusieurs médias et sites internet, 71% des Sénégalais auraient eu recours à l'éclaircissement de leur peau. Une pratique décriée car dangereuse pour la santé. La dépigmentation volontaire peut causer des infections, des insuffisances rénales voire des cancers. Mais même si le phénomène est massif, le chiffre de 71% est exagéré.
Le pourcentage a été publié récemment dans une série d'articles de sites sénégalais mais aussi internationaux. 71% des habitants du Sénégal auraient recours à la dépigmentation de la peau, pour des raisons de santé ou esthétiques.
Une pratique décriée car très dangereuse.
Un phénomène répandu ?
Des études récentes montrent que des femmes africaines mais des asiatiques ont très souvent recours à des techniques d'éclaircissement de la peau. Un document de l'OMS publié par le site Africa Check montre par exemple que 61% du marché indien des cosmétiques concerne des produits de dépigmentation.
Pour le Sénégal, le chiffre cité est de 27% de femmes utilisant un éclaircissant régulièrement. On est loin des 71% mis en avant par la presse récemment.
D'où vient le chiffre de 71% ?
Concernant ce pourcentage, à chaque fois, les articles citent une source : le docteur Fatimata Ly. Une dermatologue sénégalaise qui s'est exprimée récemment lors d'un colloque sur le sujet.
Nous avons contacté cette spécialiste reconnue. Elle estime que ses propos ont été mal interpretés. Car l'étude portait uniquement sur 3 villes et pas sur l'ensemble du pays. Le chiffre de 71% ne concernait qu'une seule de ces 3 villes étudiées.
Selon Fatimata Ly, "il ne peut pas y avoir une étude sur l'ensemble du territoire sénégalais, ce n'est pas possible. Vous savez mieux que moi que les médias titrent ce qu'ils veulent titrer. En tout cas, quand on m'a demandé, j'ai bien précisé que le chiffre de 71% a été trouvé dans le département de Pikine. Et Pikine ce n'est pas le Sénégal."
En plus, les études portaient uniquement sur les femmes. Impossible donc d'extrapoler ces résultats à l'ensemble de la population du Sénégal.
Quels sont les dangers de cette pratique ?
Pas de chiffres nationaux donc. Il n'en reste pas moins que la dépigmentation représente un fléau, au Sénégal, comme dans d'autres pays.
Les conséquences pour la santé : des infections mais aussi des dégats sur les reins, des troubles neurologiques ou même des cancers.
Si la dépigmentation de la peau ne concerne pas 7 Sénégalais sur 10, elle n'en est pas moins devenue une dangereuse mode planétaire.
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