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Coronavirus : "Docteur Car", le robot multitâches et polyglotte 100% africain au service des soignants

Le robot a l'allure d'un présentoir sur roues, parle le wolof et le pulaar – en usage au Sénégal –, le français, l'anglais, et devrait intégrer d'autres idiomes. Reportage AFP.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Lamine Mouhamed Kébé, étudiant en génie mécanique, s’occupe du robot dans "Dr Car", le 8 mai 2020. (SEYLLOU / AFP)

L'une des plus prestigieuses écoles d'ingénieurs d'Afrique de l'Ouest a trouvé dans le combat contre le Covid-19 le terrain où pratiquer et développer le savoir-faire de ses élèves, au service d'une grande cause. Les étudiants de l'Ecole supérieure polytechnique de Dakar, d'où sort chaque année une partie de l'élite des ingénieurs du Sénégal et des pays environnants, viennent de construire "Docteur Car", un robot multitâches d'assistance aux soignants. Ils ont aussi fabriqué leur distributeur automatique de gel hydroalcoolique.

"Docteur Car", piloté à distance grâce à une caméra et une application, peut se rendre dans les chambres pour prendre la température ou la tension des malades ou leur apporter leurs médicaments ou leurs repas, annonce l'école.

A un moment donné, nous nous sommes rendu compte qu'au Sénégal (...) le matériel médical pour le personnel de santé était limité

Lamine Mouhamed Kébé, étudiant de 23 ans

à l'AFP

Robot polyglotte

Il a l'allure d'un présentoir sur roues, parle le wolof et le pulaar – en usage au Sénégal , le français, l'anglais, et devrait intégrer d'autres idiomes. Les médecins peuvent communiquer avec les malades à travers lui, dit Lamine Mouhamed Kébé. Potentiellement, "Docteur Car" pourrait servir d'intermédiaire dans des régions rurales reculées, ajoute-t-il.

La pandémie reste relativement contenue au Sénégal, qui a officiellement déclaré près de 2 000 cas de contamination depuis le 2 mars et 19 décès. Ici comme ailleurs, elle a stimulé les bonnes volontés, mais suscite l'inquiétude quant aux limites en moyens sanitaires et en effectifs humains face à une éventuelle propagation du mal. Alors les médecins prennent au sérieux la contribution de l'Ecole polytechnique.

Pape Mamadou Gueye, étudiant en génie mécanique à l’Ecole Supérieure de Polytechnique (ESP) de Dakar, s’occupe d’un robot, le 8 mai 2020. (SEYLLOU / AFP)

Abdoulaye Bousso, l'un des responsables de la riposte au Covid-19, a demandé aux étudiants de retravailler un premier prototype de "Docteur Car" pour y ajouter des bras mécaniques capables d'effectuer des tests médicaux. Les élèves tentent actuellement d'accéder à cette demande.

"C'est tout un processus", dit le Dr Bousso. Mais l'idée c'est qu'au bout du compte "Docteur Car" soit déployé dans les hôpitaux et réduise certaines interventions, donc le risque de contamination, l'emploi de matériel de protection et même de ressources humaines dans une période tendue, dit-il.

"Pas un gadget"

L'école, qui forme environ 4 000 élèves de 28 pays, a toujours mis l'accent sur l'initiative et les projets pratiques, et la pandémie représentait un champ d'action naturel pour elle, dit Ndiaga Ndiaye, professeur, chargé de la valorisation des productions de l'école. "Nous sommes un établissement public. Il y a un concept qui nous lie tous, c'est le service à la communauté, autour duquel tout est structuré", dit-il. 

Tout ce que nous faisons doit servir aux populations. Docteur Car est loin d'être un gadget, au contraire c'est très pratique

Ndiaga Ndiaye, professeur

à l'AFP

Le département de génie chimique et biologie appliquée de l'établissement a préparé 1 000 litres de gel hydroalcoolique remis au ministère de la Santé. Gianna Andjembe, 26 ans, a conçu un distributeur automatique de gel antiseptique spécialement approprié dans les hôpitaux et les écoles selon lui. "En tant que scientifiques, qu'ingénieurs, nous devons relever les défis et prendre en main notre destin", dit-il.

Le virus a bouleversé la vie des étudiants, contraints de suivre les cours magistraux en vidéo et, comme les autres Dakarois, de courir pour ne pas enfreindre le couvre-feu nocturne alors qu'ils avaient coutume de traîner dans les laboratoires après la tombée de la nuit. Mais la crise sanitaire confère un autre sens à leurs études. "Ce qui a changé, c'est la responsabilité", dit Lamine Mouhamed Kébé, un des inventeurs de "Docteur Car". "Ça nous a donné beaucoup plus de patriotisme", confie-t-il.

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