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Covid-19 en Tunisie : face au "tsunami", des hôpitaux submergés

La Tunisie enregistre un nombre de décès quotidiens sans précédent depuis le début de la pandémie

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une vue des magasins fermés après la mise en œuvre de mesures de quarantaine à Sousse, le 5 juillet 2021. (MAHER JAIDANE / ANADOLU AGENCY)

Afflux de patients, corps laissés des heures au milieu des malades faute de place à la morgue, manque de personnel : en Tunisie, des hôpitaux commencent à être débordés face à la propagation du Covid-19, qui atteint des niveaux inédits. L'hôpital Ibn Jazzar de la région confinée de Kairouan (centre) a eu un tel afflux de patients que "certains d'entre eux meurent sans qu'on s'en rende compte", déplore une infirmière, Imen Fteiti. Des corps sont restés jusqu'à 24 heures dans les chambres, par manque de personnel pour les emmener dans une morgue, déjà pleine. 

"Tsunami"

La Tunisie enregistre un nombre de décès quotidiens sans précédent depuis le début de la pandémie il y a un an et demi, portant le bilan à plus de 15 000 morts pour 12 millions d'habitants, et plus de 600 personnes actuellement en réanimation. Le nombre officiel de cas total dépasse les 445 000. Les hôpitaux de campagne mis en place ces derniers mois ne suffisent plus : 92% des lits de réanimation dans le public sont actuellement occupés et ceux de la capitale sont pleins. Certaines municipalités innovent. A Kram, la salle des fêtes est transformée en hôpital de campagne pour les personnes atteintes du Covid. Face à cette vague assimilée à un "tsunami", les autorités ont confiné six gouvernorats où le taux de propagation du virus est particulièrement élevé, dont Kairouan. Médecins, infirmiers et ONG ont lancé un cri d'alarme à Kairouan. Une cagnotte en ligne a été organisée.

"Il y a un manque d'appareils d'oxygène et on est arrivés à un stade où on ne sait plus qui secourir en premier"

Imen Fteiti, infirmière

à l'AFP

Personnel épuisé 

La consommation quotidienne d'oxygène a atteint un niveau de 5 500 litres par jour, contre 400 à 500 avant le début du nouveau pic il y a deux semaines, selon l'administration régionale de la santé à Kairouan. Dans cette région marginalisée, les établissements de santé, publics et privés confondus, ne comptent que 45 lits de réanimation et 250 appareils d'oxygène, selon les autorités sanitaires. Une salle omnisports a été convertie en hôpital. A l'établissement Ibn Jazzar, il y a trois infirmiers pour 35 personnes atteintes du Covid. Le nombre quotidien de décès a atteint les vingt, dont des enfants, à Kairouan, où les rues sont presque désertes, les souks et les commerces fermés. "La situation était très délicate et les lits de réanimation saturés", reconnaît le directeur régional de la santé, Mohamed Rouiss.

Plages bouclées 

Les hôpitaux des gouvernorats voisins ont été mobilisés pour répartir les patients, "mais aujourd'hui la situation est compliquée car ces hôpitaux, à leur tour, sont débordés", indique Mohamed Rouiss. Sousse, ville balnéaire à 60 kilomètres de là, a aussi été placée en confinement total et les services de sécurité ont interdit l'accès à la principale plage. Le bandeau de sable blanc piqué de parasols est vide, augurant d'une seconde saison catastrophique pour le tourisme, poumon de l'économie tunisienne. A Tunis comme dans les régions défavorisées de Béja ou Jendouba (nord-ouest), des hôpitaux peinent également à faire face à l'afflux de malades, selon des vidéos diffusées par des médias locaux et sur les réseaux sociaux. Pénurie de doses, absence de sensibilisation : sur 593 000 habitants de Kairouan, seulement 95 000 sont inscrits pour se faire vacciner, dont la moitié a eu au moins une dose. A l'échelle du pays, c'est 575 000 personnes qui ont eu deux doses, environ 4% de la population. 

"Nous sommes en guerre"

Plusieurs voix s'élèvent en Tunisie pour un reconfinement général afin "d'éviter une catastrophe". La Commission scientifique réclame des mesures dratisques. Le président Kaïs Saïed écarte l'option à cause de la détérioration de la situation socio-économique. "Nous sommes en état de guerre, soyons honnêtes, la guerre comporte plusieurs phases, nous en avons perdu une, pour plusieurs raisons, mais nous triompherons !", a-t-il déclaré. 

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