Des Soudanais recrutés par les Emirats comme gardes de sécurité se retrouvent en Libye
La colère gronde au Soudan où des dizaines de familles dénoncent un contrat trompeur avec une entreprise des Emirats arabes unis.
De jeunes Soudanais partis travailler comme agents de sécurité aux Emirats arabes unis affirment avoir été envoyés, à leur insu, en Libye pour garder des champs pétroliers.
Les offres de travail sont rares au Soudan et chaque opportunité est à saisir au plus vite. C’est ainsi que des dizaines de jeunes Soudanais ont répondu à une annonce publiée dans la presse par la société privée émiratie Black Shield qui recrute des gardes de sécurité pour travailler dans le Golfe. Mais une fois sur place, plusieurs recrues ont reçu une formation militaire avant d’être envoyées en Libye pour garder des champs pétroliers, comme le rapporte Sudan Tribune.
Nous avons demandé où nous étions et ils ont dit Sweihan, à l’est des Emirats. (…) Mais après un certain temps, nous avons vu écrit dans les toilettes que c'était Benghazi, en Libye.
Hossam Saiffuddin, jeune recrue aux Emiratsau Guardian
"Nos fils ne sont pas à vendre"
Depuis fin janvier 2020, leurs familles demandent des explications et exigent le retour de leurs proches. Des dizaines de Soudanais se sont rassemblés devant le ministère des Affaires étrangères et face à l’ambassade des Emirats à Khartoum avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Nos fils ne sont pas à vendre", "Nous ne sommes pas des mercenaires". Ils accusent la société Emiratie d’avoir violé le contrat. Les autorités soudanaises tentent de minimiser l’affaire qui commence à faire grand bruit.
Mon fils s'est rendu en septembre aux Emirats arabes unis. Nous avons perdu le contact avec lui ... Il s'est ensuite manifesté pour nous annoncer qu'il avait été ramené avec d'autres de Ras Lanouf (Libye) à Abou Dhabi
Imad Osmane, père d'une recrueà l'AFP
Le retour ?
La semaine dernière, une cinquantaine de Soudanais a regagné le pays, mais aucune précision n'a été donnée sur les conditions de ce rapatriement. Selon des observateurs à Khartoum, plus de 300 jeunes sont partis pour les Emirats arabes unis dans le cadre de contrats conclus avec la société Black Shield. Cette dernière dément les allégations de "tromperie" sur la nature des emplois qu'elle propose et menace même de poursuivre en justice les déclarations diffamatoires, selon un communiqué cité par Sudan Tribune.
Cette affaire survient alors que de hauts responsables soudanais sont accusés d'être proches des Emirats arabes unis qui soutiennent le Maréchal Khalifa Haftar en Libye, où deux autorités rivales se disputent le pouvoir.
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