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La Chine gronde Alger après le meurtre d’un de ses ressortissants

Un haut responsable chinois de l’entreprise chinoise chargée de la construction de la grande mosquée d’Alger a été assassiné le 10 juin. Pékin a vivement réagi mettant en cause une «situation d’insécurité (...) préjudiciable aux relations entre nos deux pays mais aussi à l’image de l’Algérie». Une affaire embarrassante pour Alger qui a du mal à se passer de la main d'œuvre venue d'Asie.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Drapeaux algérien et chinois lors de la Foire internationale d'Alger en 2018. (Billal Bensalem / NurPhoto)

La presse algérienne a suivi avec attention cette affaire en raison de la colère de Pékin. «L’ambassade de Chine en Algérie a demandé à ce que ce meurtre soit élucidé dans les plus brefs délais», a noté Algérie-Focus qui ajoute: «Le caractère récurant de ces agressions dont fait l’objet la communauté chinoise semble susciter de sérieuses inquiétudes du côté des autorités chinoises. A ce titre, il est souligné que l’ambassade chinoise a fréquemment reçu des rapports et des plaintes.»

Résultat, à Alger, «le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a confirmé que les autorités algériennes suivent l'affaire du meurtre dimanche (10 juin) d'un citoyen chinois à Alger et ont demandé à la police de tout faire pour élucider ce crime et traduire les responsables en justice. Selon le site officiel de l'ambassade de Chine en Algérie, le ministre a chargé jeudi (14 juin) une personne spécialement pour contacter l'ambassadeur chinois Yang Guangyu afin de lui exprimer son choc et sa peine face au meurtre tragique dont a été victime un citoyen chinois. Il a demandé au diplomate chinois de transmettre les condoléances du gouvernement algérien à la famille du défunt», précise Maghreb Emergent.

Jusqu'à 40.000 ouvriers chinois
Preuve d'un climat tendu, la Chine a appelé ses ressortissants en Algérie à prendre des précautions. «Installation d’équipements de sécurité au niveau des chantiers, ouvriers escortés jusqu’à leur domicile… L’ambassade de Chine en Algérie a appelé mardi 12 juin ses ressortissants présents dans le pays "à redoubler de précautions" et à "renforcer leurs mesures de sécurité". Selon le communiqué publié sur le site de l’ambassade de Chine, les ouvriers chinois sont invités à installer des caméras et des équipements d’éclairage sur les zones de chantier où ils travaillent », note Jeune Afrique.  

Ce fait divers met en lumière la présence chinoise sur d’importants chantiers publics. En 2015, l’ambassadeur de Chine indiquait que plus de 40.000 ouvriers chinois travaillaient en Algérie, même s’il précisait que ce chiffre était appelé à diminuer.

Un récent article d’Algérie-Focus alertait, sous le titre Que deviendrait-on sans les Chinois?, les Algériens sur leur incapacité à construire par eux-mêmes alors que le chômage reste important. «Pour le bâtiment, nous sommes allés les chercher pour construire nos logements, nos immeubles, nos routes, nos barrages. Nous n’étions pas suffisamment compétents en nombre et en qualité pour le faire nous-mêmes. Nous pensions que dans l’intervalle, nous allions mettre en formation nos architectes, nos ingénieurs et nos ouvriers du bâtiment, pour créer des emplois et économiser des devises. Las. Nos jeunes ont préféré s’orienter vers l’informel, les combines, les activités pas nettes, le gain rapide et le bras d’honneur aux impôts. Faut-il les condamner, les moquer, les excuser? Rien de tout cela. Ceux qui nous gouvernent ont donné le mauvais exemple en laissant faire la corruption, l’enrichissement foudroyant, bref l’argent facile qui n’oblige pas à passer par la case Etudes et Education. Le reste est sans commentaires.»

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