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Le photographe Pascal Maitre: «Quand l'Afrique s'éclairera»

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Pascal Maitre est l’un des grands photographes de l’Afrique, qu’il explore depuis 40 ans. «Quand l'Afrique s'éclairera», reportage réalisé au Bénin, au Kenya, au Sénégal et en Somalie, sur les problèmes d’accès à l’électricité, a remporté le Grand Prix AFD/Polka en 2016. Ce travail sera exposé à la Maison européenne de la photographie à Paris. Un livre sortira dans la foulée.

Plus de 620 millions de personnes manquent d’électricité, une injustice dont on parle peu mais qui a de nombreuses conséquences. Les cliniques et les hôpitaux fonctionnent mal, les vaccins comme les denrées alimentaires ne peuvent pas être conservés, l’insécurité est constante, l’industrialisation est ralentie et entraîne un chômage massif, l’éducation des enfants reste difficile…
 
«En fait, seuls 25% des habitants d’Afrique subsaharienne ont accès à l’électricité. Cet approvisionnement est très irrégulier. Ce chiffre chute à 7% en zone rurale. Au total, 48 pays africains habités par 800 millions de personnes génèrent une production d’électricité équivalente à l’Espagne qui n’a que 45 millions d’habitants. La bataille entre la croissance démographique et la production d’électricité semble perdue d’avance. D’ici à 2030, ils seront 45 millions de plus à ne pouvoir en disposer. Le délestage devient alors “détestage”, un sujet de discussion majeur qui cristallise la colère», explique le photographe.
 
«Pourtant, même si elles sont encore modestes, des solutions ont d’ores et déjà été mises en œuvre: des barrages, des panneaux photovoltaïques, des éoliennes... Le 22 octobre 2016 à Bokhol, au Sénégal», l’une des plus grandes centrales solaires d’Afrique «a été inaugurée. Avec ses 20 Mégawatts, elle se déploie sur 40 hectares avec 75.000 panneaux solaires et fournit de l’électricité à 160.000 personnes. En Casamance, sur l’île enclavée de Niomoune, chaque soir, la population se réunit pour applaudir la lumière qui vient du lampadaire solaire sur la place du village. C’est un parfait exemple du développement de l’énergie solaire et son apport dans la vie quotidienne dans les villages très isolés de l’Afrique. Enfin, en produisant 99,9% d’énergie renouvelable, l’Ethiopie est classée deuxième derrière l’Islande. Des équipements qui apparaissent comme un pas en avant, mais quid de leur entretien dans le temps? Un véritable défi», précise Pascal Maitre.
 
Sept photos prises au Bénin illustrent ce propos.

Ici vivent 300 personnes sans électricité. Cette photographie a été prise lors du marché nocturne qui se tient quotidiennement au pied de l’arbre à palabres, un immense manguier, éclairé par des lampes à pétrole artisanales. Au total, en comptant les neuf autres villages environnants, il y a près de 3000 personnes qui vivent sans électricité dans la région. (Pascal Maitre/Cosmos)
Dans la maison de Raïssa Godjo, une aide-soignante formée au métier de sage-femme, les accouchements se déroulent à la lampe à pétrole et avec une petite torche. (Pascal Maitre/Cosmos)
Dans la région de Porto-Novo, il n’y a pas d’électricité. La famille Honnon, le père Joseph, sa femme Windsy et leurs quatre enfants, s’éclairent avec des lampes à pétrole nocives pour les yeux et pour la santé en général, en raison de la fumée toxique qu’elles dégagent. Chaque soir, Joseph aide ses enfants Rogathien et Eveline dans la révision de leurs leçons. A cet effet, il leur a installé un tableau à craie. (Pascal Maitre/Cosmos)
Près de 11.000 personnes vivent sans accès à l’électricité. Pour les villageois, il s’agit d’un des plus grands problèmes auxquels ils doivent faire face quotidiennement. Au retour des champs, le travail continue. Madame Tokinde prépare l’huile de palme dans sa phase finale. Elle ne s’éclaire qu’à l’aide d’une lampe artisanale à pétrole. (Pascal Maitre/Cosmos)
Chaque soir au grand carrefour de Glo-Djigbé, arrondissement de la commune d'Abomey-Calavi, les marchands s’éclairent à la lampe à pétrole. (Pascal Maitre/Cosmos)
Les enfants doivent se rendre chaque soir sous les lampadaires publics afin d’étudier leurs leçons, comme ici Blaise et son frère Sylvain. Des vendeuses profitent également de cet éclairage pour présenter leur marchandise.  (Pascal Maitre/Cosmos)
Des marchandes proposent de l’essence de contrebande en provenance du Nigeria. Celle-ci est utilisée pour alimenter les générateurs, mais aussi les véhicules, car les stations-service ne sont pas toujours fonctionnelles faute d’électricité. Ces vendeurs à la sauvette sont appelés «les Al-Qaïda», car de temps à autre les bonbonnes d’essence explosent.  (Pascal Maitre/Cosmos)

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