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Le président Idriss Déby débloque les réseaux sociaux au Tchad

Les autorités tchadiennes autorisent à nouveau l'utilisation de Whatsapp, Twitter et autres réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3 min
Le président tchadien, Idriss Déby, à Ankara le 28 février 2019. (AFP - METIN AKTAS / ANADOLU AGENCY)

Le président du Tchad a annoncé le 13 juillet 2019 la levée des restrictions sur les réseaux sociaux. "Depuis quelques mois, l'impératif sécuritaire avait conduit le gouvernement à renforcer les conditions d'accès et les mesures de contrôle de communications électroniques", a déclaré Idriss Déby Itno à l'occasion de la clôture du Forum Tchad numérique à N'Djamena. "Ces mesures se sont imposées dans un contexte de menaces terroristes", a-t-il rappelé. Un réexamen de la situation "me conduit (...) à instruire les sociétés concernées à lever immédiatement la restriction sur les communications électroniques", a-t-il ajouté.

Il est désormais possible dans la capitale N'Djamena d'accéder aux réseaux sociaux, comme Whatsapp ou Twitter, a constaté l'agence France Presse (AFP).

"Le gouvernement tchadien a écouté la voix du peuple"

La décision a été saluée par la société civile. "Nous nous réjouissons que le gouvernement tchadien ait écouté la voix du peuple", a ainsi réagi le président du collectif tchadien contre la vie chère, Nely Versinis. "Cette censure des réseaux sociaux imposée par le gouvernement depuis plus de 15 mois n'avait pas de raison d'être", a-t-il ajouté.

La censure des réseaux sociaux "a contribué à ternir d'avantage l'image du gouvernement tchadien", a déclaré de son côté l'ONG Internet sans frontières. "Nous espérons que cela ne se reproduira plus, la liberté d'expression en ligne est un droit", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Fin mars 2018, les principaux réseaux sociaux du pays étaient devenus inaccessibles, au moment où un mouvement de contestation s'élevait contre un changement de Constitution. Lequel visait à renforcer les pouvoirs du président du Tchad, dirigé depuis 1990 par Idriss Déby.

L'accès aux réseaux était toujours possible en passant par des "réseaux privés virtuels" (VPN), mais leur coût est prohibitif dans ce pays, l'un des plus pauvres du monde. Au Tchad, le pourcentage de la population ayant accès à internet n'excède pas 5%. En 2016, les autorités avaient déjà bloqué les réseaux sociaux durant 235 jours, coûtant ainsi plus de 18 millions d'euros à l'économie tchadienne, selon Internet sans frontières (ISF).

Défis sécuritaires

Immense pays s'étendant de l'Afrique centrale à la bande sahélo-saharienne, le Tchad, allié des pays occidentaux dans la lutte antijihadiste, est confronté à des défis sécuritaires à chacune de ses frontières.


Une Africaine utilise un téléphone portable (photo prise le 3 mars 2017).  (AFP - GODONG / BSIP)

A l'ouest, le groupe nigérian Boko Haram a repris ses incursions meurtrières depuis le début de l'année. Le nord, frontalier du Soudan, de la Libye et du Niger, est une région volatile du Sahel, désertique et peu habitée. Plusieurs groupes rebelles tchadiens ont établi leur base dans le Sud libyen. Dans l'est, de graves conflits opposent agriculteurs et éleveurs nomades. Par ailleurs, le sud, frontalier avec la Centrafrique, reste fragilisé par la crise qui sévit dans ce pays depuis le renversement du président François Bozizé en 2013.

Idriss Déby Itno est arrivé au pouvoir en 1990. Des élections législatives, maintes fois reportées depuis 2015, doivent se tenir avant la fin de l'année.

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