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Madagascar : la situation catastrophique des prisons

Selon un rapport d’Amnesty International publié le 23 octobre 2018, «des milliers de personnes», hommes, femmes et enfants, «sont maintenues en détention préventive injustifiée» à Madagascar dans des conditions «effroyables». Des détenus pauvres qui n’ont pas les moyens de rémunérer un avocat.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Cellule surpeuplée à la prison de Manakara (sud-est de Madagascar). Photo prise le 15 septembre 2018. (Amnesty International (Photo:Richard Burton))

«Sur les 129 détenus en décédés en 2017» à Madagascar, «52 personnes se trouvaient en détention préventive», constate le rapport d’Amnesty, qui se fonde sur des visites effectuées par ses enquêteurs dans neuf établissements pénitentiaires du pays. En tout, selon le journal Madagascar Matin, la Grande Ile comptait en 2016 quelque 22.000 détenus sur 42 sites.

Le phénomène des prisonniers en attente de jugement (55% de la population carcérale en 2017) touche «de manière disproportionnée» des hommes, des femmes et des enfants pauvres. Ceux-ci se retrouvent dans cette situation «pour des infractions mineures et non violentes telles que le vol de poulets ou de téléphones portables, ou la contrefaçon».

Principaux problèmes expliquant la longueur de la détention préventive à Madagascar : «le nombre restreint des audiences des cours jugeant les affaires criminelles et leur irrégularité». Les cours criminelles siègent deux fois par an, ce qui engendre des retards considérables et une grave surpopulation carcérale. Des sessions supplémentaires sont parfois tenues, mais seulement si des ressources sont disponibles.

Des enfants emprisonnés avec des criminels
Les prévenus ne sont pas séparés des condamnés. Résultat : dans certaines des établissements visités par les enquêteurs d’Amnesty, «des enfants partageaient (…) leur cellule avec des criminels».

Les conditions de détention sont «effroyables», relève le document de l’organisation non gouvernementale : «Sombres et sales, la plupart des cellules sont extrêmement surpeuplées et manquent d’air et de lumière». Les prisons sont par ailleurs infestées de rats et de cafards. Et la chaleur y est insupportable.

«Nous sommes 42 à dormir dans la même cellule (...). Je dors par terre. Beaucoup de gens tombent malades. Certains toussent, certains tremblent, certains attrapent très froid», a raconté à Amnesty Florent, un détenu en attente de jugement depuis plus de 3 ans et demi pour le vol d’un zébu. Les soins médicaux sont absents ou insuffisants, notamment pour les femmes enceintes ou accompagnées de bébés.

Détenus à la prison de Manakara (sud-est de Madagascar) le 15 septembre 2018. Au cenre de la photo se tient José Alain, surnommé le Rasta de Manakara, en attente de jugement pour cambriolage. Il affirme être innocent et avoir été battu par la police après son arrestation. (Amnesty International (Photo:Richard Burton))

«Les gens se battent pour la nourriture, car il n’y en a pas assez», poursuit Florent. «9000 détenus sont atteints de malnutrition», constate de son côté Madagascar Matin. «L’Etat accorde, selon des sources officielles, pour chaque détenu une ration individuelle quotidienne de 750 grammes de manioc mais, dans les faits, celle-ci dépasse rarement les 300 grammes, voire moins dans certains établissements», poursuit le quotidien qui cite le Comité international de la Croix Rouge.

La situation chaotique des prisons malgaches reflète la pauvreté de la Grande Ile : 78 % de la population (25 millions d’habitants) vit avec moins de 1,90 $, soit 1,66 € par jour, selon le Programme alimentaire mondial. Madagascar se trouve ainsi au 4e rang des pays dont le taux de malnutrition est le plus élevé.

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