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Madagascar: le retournement des morts, coutume toujours en vogue malgré la peste
En pleine épidémie de peste à Madagascar, les cérémonies dites de «retournement» des morts se pratiquent toujours. Cette coutume ancestrale venue d'Asie, chère aux tribus des hauts plateaux malgaches, a pour but d'honorer les morts et, accessoirement, d'exaucer des vœux. Elle se pratique pendant l'hiver austral, de juillet à octobre.
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Dans le cimetière d'Ambohijafy, c'est un face à face étonnant qui a réuni, le 26 octobre 2017, morts et vivants. Cette tradition funéraire est célébrée à grand renfort de musique, de danses et de chants arrosés de généreuses rasades d'alcools. A l'issue de la cérémonie spectaculaire et coûteuse, car il faut nourir les invités durant les deux jours de festivités, les corps, recouverts de leur nouveau suaire et ficelés de la tête aux pieds, sont soigneusement replacés dans leur tombe lors d'une dernière danse.
«C'est l'un des rituels les plus pratiqués à Madagascar», résume l'historien Mahery Andrianahaga. «Il est nécessaire à la recherche de l'harmonie dans le cosmos (...), il satisfait le besoin de respecter et d'honorer les ancêtres afin qu'ils puissent bénir en retour.»
Madagascar: connaissez-vous la cérémonie du Retournement des morts? #AFP pic.twitter.com/b6A4yEFHZ9
— Agence France-Presse (@afpfr) October 28, 2017
Les nattes qui ont servi de tapis aux dépouilles s'arrachent à peine le rituel terminé. Les participants les plus habiles les garderont sous leur matelas jusqu'au prochain «famadihana». Elles leur apporteront, dit-on, chance et réussite.
Microbes et infections
Microbes et infections
Certains médecins redoutent qu'elles leur transmettent aussi microbes et infections. Et à l'heure où Madagascar connaît sa plus meurtrière épidémie de peste depuis des années, la pratique du «retournement des morts» a réveillé les craintes des autorités sanitaires. Depuis la fin août, la maladie a déjà infecté plus de 1.100 personnes et en a tué plus d'une sur dix.
Mais la situation s'améliore, ont indiqué fin octobre les autorités, qui ont pris des mesures de prévention. Les cas de contamination sont en baisse et le nombre de malades guéris augmente.
Alors qu'au ministère de la Santé, les épidémiologiques ont constaté depuis un bon nombre d'années déjà que la «saison» de la peste coïncidait avec celle des «famadihana». Malgré la mise en garde des autorités sanitaires, personne à Madagascar n'ose remettre en cause le culte des morts.
«La peste n'est qu'un mensonge»
«Je ne veux pas considérer les morts comme des oubliés sous terre. Ils nous ont donné la vie», soutient une adepte des «famadihana», Hélène Raveloharisoa. «Je pratiquerai toujours le retournement des ossements de mes ancêtres, peste ou pas», affirme-t-elle estimant que «la peste n'est qu'un mensonge», affirme-t-elle.
Pratiquante très traditionaliste, Joséphine Ralisiarisoa accuse même «le régime en place (d'être) à court d'argent pour la prochaine présidentielle (en 2018), alors, dit-elle, il invente des choses pour avoir de l'argent des bailleurs de fonds». «Moi, j'ai participé à pas moins de 15 famadihana dans ma vie», lance-t-elle, «et je n'ai jamais attrapé la peste».
A travers cette fête à caractère anémiste, on comprend surtout perception de la mort et du deuil dans la société malgache ne sont pas du tout les mêmes que dans les pays occidentaux.
Mais la situation s'améliore, ont indiqué fin octobre les autorités, qui ont pris des mesures de prévention. Les cas de contamination sont en baisse et le nombre de malades guéris augmente.
«La peste n'est qu'un mensonge»
«Je ne veux pas considérer les morts comme des oubliés sous terre. Ils nous ont donné la vie», soutient une adepte des «famadihana», Hélène Raveloharisoa. «Je pratiquerai toujours le retournement des ossements de mes ancêtres, peste ou pas», affirme-t-elle estimant que «la peste n'est qu'un mensonge», affirme-t-elle.
Pratiquante très traditionaliste, Joséphine Ralisiarisoa accuse même «le régime en place (d'être) à court d'argent pour la prochaine présidentielle (en 2018), alors, dit-elle, il invente des choses pour avoir de l'argent des bailleurs de fonds». «Moi, j'ai participé à pas moins de 15 famadihana dans ma vie», lance-t-elle, «et je n'ai jamais attrapé la peste».
A travers cette fête à caractère anémiste, on comprend surtout perception de la mort et du deuil dans la société malgache ne sont pas du tout les mêmes que dans les pays occidentaux.
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