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Maroc : nouvelle mobilisation pour dépénaliser le "sexe hors mariage"

Une mère de deux enfants a été condamnée à un mois ferme pour "relations sexuelles hors-mariage" et "outrage à la pudeur", après la diffusion d'une vidéo à caractère sexuel.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 2min
Manifestation de soutien à une journaliste marocaine condamnée à un an de prison pour "avortement illégal" et relations sexuelles en dehors du mariage, à Rabat, le 2 octobre 2019. (STRINGER / AFP)

Le collectif marocain des "Hors-la-loi" a lancé, mercredi 3 février, une campagne sur les réseaux sociaux pour l'abrogation de l'article 490 sanctionnant de prison le "sexe hors-mariage", en soutien à une jeune mère célibataire condamnée pour une vidéo sexuelle diffusée à son insu. Cette campagne vise à marquer la sortie de prison de Hanaa, une mère de deux enfants âgée de 24 ans qui a été condamnée à un mois ferme et à 500 dirhams (113 euros) d'amende par le tribunal de Tétouan (nord) pour "relations sexuelles hors-mariage" (article 490) et "outrage à la pudeur".

La jeune femme avait été arrêtée début janvier après la diffusion d'une vidéo à caractère sexuel, remontant à 2015, où elle apparaissait nue, la tête voilée. Son partenaire n'a pas été inquiété, pas plus que celui ou celle qui a fait fuiter la vidéo dans des groupes de messageries, d'après l'avocate Ghizlane Mimouni, membre du mouvement des "Hors-la-loi". 

#STOP490

Le collectif de défense des libertés individuelles a appelé les internautes marocains à s'exprimer sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #STOP490, en faveur de "l'abrogation pure et simple de l'article 490 du code pénal" et pour en "finir avec le sexisme systématique des institutions publiques et la mentalité patriarcale qui sévit dans notre pays". "Nous disposons d'articles de loi qui protègent des victimes comme Hanaa, mais l'article 490 se dresse comme une barrière", souligne Me Mimouni.

Le collectif des "Hors-la-loi" a été créé en 2019, après l'arrestation de Hajar Raissouni, une journaliste marocaine condamnée, puis graciée pour un avortement clandestin qu'elle a toujours nié, mais aussi pour avoir contrevenu à l'article 490 en ayant des relations sexuelles avec son fiancé avant le mariage. A l'époque, un manifeste demandant l'abrogation de "lois liberticides" punissant de prison le "sexe hors-mariage", l'adultère et l'avortement avait été signé par des centaines de personnes déclarant publiquement avoir elle-mêmes outrepassé ces interdits "obsolètes".

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