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Tunisie: Ennahda dit oui, puis non, à l’égalité hommes-femmes dans l’héritage
L’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce l’ambiguïté d’Ennahda concernant l’égalité successorale en Tunisie. Le parti majoritaire d’inspiration islamiste s’apprête à rejeter le projet de loi.
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«L’initiative en faveur de l’égalité en matière de succession contredit le Coran, la Constitution et le code du statut personnel» et «soulève des craintes concernant la stabilité de la famille tunisienne». Dans un communiqué officiel publié le 26 août 2018, le Conseil de la Choura, la principale instance du parti, a rejeté les réformes proposées par une commission parlementaire présidentielle.
Un double langage ?
Le président de cette même instance, Abdelkarim al Harouni, avait pourtant indiqué à l’AFP que son parti allait «militer pour donner à la femme son droit dans l’héritage». Ennahda, l’un des principaux partis politiques tunisiens, s’était par ailleurs montré relativement ouvert aux réformes sociales en mettant en avant «la défense des libertés publiques et privées, la défense des droits des femmes et la légalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes».
«Une occasion manquée»
Pour Human Rights Watch, le refus d’Ennahda à l’égalité en matière de succession, porte atteinte aux droits des femmes.
«Cette annonce est une trahison pour les Tunisiennes et une occasion manquée de prouver l’adhésion du parti islamiste aux droits des femmes», souligne Amna Guellali, directrice du bureau de Tunis.
Ennahda, qui se présente comme un parti «démocrate musulman», n’a peut-être pas dit son dernier mot. Le projet de loi en faveur de l’égalité sera présenté sous peu à l’Assemblée des représentants du peuple où Ennahda compte 68 députés sur les 217 membres. Il prévoit l’égalité successorale entre hommes et femmes mais laisse la possibilité aux personnes qui le souhaitent de déroger à la règle en exprimant un souhait dans leur testament devant le notaire.
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