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Tunisie : les barbechas assurent le recyclage des déchets

Ils disent eux-mêmes qu’ils nettoient le pays et font œuvre utile. Les "barbechas", chiffonniers de Tunis, vivent du ramassage des plastiques et autres produits recyclables. On estime leur nombre à 8000. Aucun, ou presque, ne dispose d’une couverture sociale. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Un barbecha, chiffonnier tunisien, dans les rues de Tunis, le 6 janvier 2019. (FETHI BELAID / AFP)

Au mieux, ces chiffonniers se font 12 dollars de revenu par jour. Mais c’est plus souvent 2 dollars. Les deux tiers du recyclage des déchets en Tunisie sont assurés par ces chiffonniers indépendants qui ne travaillent dans aucune organisation. Toute la journée, parfois même la nuit, ils parcourent la ville et remplissent leur chariot ou leur remorque des déchets qu’ils trouvent. Les plus chanceux sont motorisés, mais beaucoup vont à pied. Et malgré ce rôle primordial pour le pays, leur profession n’est pas reconnue.

Les barbechas, comme ils se nomment, ne bénéficient d’aucun statut, et les femmes sont les plus fragiles. "Parfois, le charriot est trop lourd à tirer, alors je demande l’aide d’un homme", explique Zohra, une chiffonnière. "Je trouve toujours de l’aide."


Dans le quartier d’Ettadhamon, à Tunis, 75 d’entre eux se sont regroupés au sein d’une association, il y a cinq ans. L’ONG International Alert soutient le projet. Il y a quelques mois, le premier point de collecte a été ouvert. Ici, non seulement la balance est neuve, et donc juste, mais les prix sont aussi supérieurs. A 23 centimes d’euro le kilo de plastique, Mohamed assure gagner 6 à 7 centimes de mieux au kilo. Sur une journée de travail, cela peut faire une différence de 7 dinars (environ 2,4 euros). "Et 7 dinars font vivre mes enfants", assure Mohamed à l’AFP.

Les déchets sont valorisés par l’association, ce qui permet de tirer un prix de vente supérieur. Broyée, la bouteille plastique se vend entre 30 et 40 centimes du kilo.

L’association accompagne également socialement ses membres, ce qui est aussi important que l’argent gagné. Vaccination anti-tétanique, gants... Les dividendes sont réinvestis pour le confort et la sécurité des barbechas. Désormais, International Alert veut ouvrir un nouveau centre. Surtout, elle œuvre pour que les chiffonniers obtiennent un vrai statut. L’Etat tunisien a bien un projet sur l’économie sociale et solidaire. Pour l’heure, il n’est toujours pas au programme de l’Assemblée.

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