Coronavirus en Afrique : les appels à un cessez-le-feu dans les pays en conflit sont restés lettre morte
"Posez les armes, faites taire les canons, mettez fin aux frappes aériennes." L'appel lancé par le Secrétaire général de l'ONU aux seigneurs de guerre en Afrique pour faciliter la lutte contre le coronavirus n'a produit aucun effet.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, tape du poing sur la table. Il a fermement condamné mardi 8 avril les bombardements intensifs qui ont visé pour la deuxième journée consécutive l'hôpital général Al Khadra à Tripoli, en Libye. Dans un communiqué publié à New York, Antonio Guterres condamne aussi les attaques continues contre le personnel médical, particulièrement à un moment où il faut prévenir la propagation de la pandémie du Covid-19.
Les attaques contre des personnels de santé, des hôpitaux ou des installations médicales protégées par le droit international, peuvent constituer des crimes de guerre
Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU
Le constat est alarmant : l'appel lancé par le patron de l'ONU le 23 mars 2020 à "un cessez-le-feu immédiat et mondial" dans les pays en conflit, afin de contribuer à la lutte contre le Covid-19, est resté lettre morte. Pourtant, les protagonistes du conflit libyen étaient parmi ceux qui avaient salué cet appel, avant de reprendre les hostilités.
"Dans bon nombre de situations les plus critiques, déplore le Secrétaire général de l'ONU, aucune interruption des combats n'a été constatée. Certains conflits se sont même intensifiés", constate-t-il. C'est le cas au Mali, devenu aujourd'hui l'épicentre de la crise au Sahel. C'est aussi le cas dans la région du lac Tchad toujours à l'épreuve du groupe terroriste Boko Haram. Ou encore en Somalie où l'armée américaine poursuit ses frappes contre des dirigeants des shebabs toujours actifs dans ce pays. Les Américains ont encore frappé mardi 7 avril. Ils affirment avoir visé et mis hors d'état de nuire un dirigeant de ces islamistes radicaux dans une localité située à 200 km à l'ouest de Mogadiscio.
Nous aimerions bien faire une pause dans nos opérations en Somalie à cause du coronavirus. Mais les dirigeants d'Al-Qaïda, des shebabs et du groupe Etat islamique ont annoncé qu'ils considéraient cette crise comme une opportunité de faire avancer leur programme terroriste
Le général américain Stefen Townsend, commandant de l'Africomà l'AFP
Les porteurs d'armes ne regardent que leurs intérêts, déplore Patrick Youssef, directeur Afrique du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Il demande lui aussi aux seigneurs de guerre qui sèment la désolation dans plusieurs régions du continent de "confiner leurs armes" pour faciliter l'accès aux acteurs sanitaires pour qu'ils fassent leur travail et contribuent à contenir le virus.
"Nous continuons à rappeler qu'il faut avoir des limites dans les temps de guerre, à savoir protéger les personnes vulnérables. Le droit humanitaire international doit être rappelé à tous les porteurs d'armes", a-t-il déclaré sur l'antenne de Radio France International (RFI). Il faut donc doubler d'efforts pour dialoguer avec ces groupes armés, plaide le Comité International de la Croix-Rouge.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.