Soudan du Sud : des combats dans la capitale font 66 morts et 10 000 réfugiés
Des affrontements sont en cours depuis dimanche à Juba. La situation est confuse, et le président dénonce une tentative de coup d'Etat.
Que se passe-t-il à Juba, la capitale du jeune Etat du Soudan du Sud ? Au moins 66 soldats ont été tués dans des combats en cours depuis dimanche 15 décembre, selon un médecin d'un hôpital militaire. Un précédent bilan faisait état de 26 personnes tuées et 140 blessées.
Environ 10 000 civils sud-soudanais ont par ailleurs trouvé refuge dans les deux bases de l'ONU à Juba, selon la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss). Sa représentante, Hilde Johnson, appelle les Sud-soudanais, et notamment les belligérants, à éviter toute violence basée sur l'appartenance communautaire. "Il est crucial que l'actuelle violence ne prenne pas des dimensions ethniques", indique la Minuss.
Depuis le week-end, la situation est très confuse dans la capitale. Francetv info retrace les derniers événements.
Le président dénonce une tentative de putsch
Les troubles commencent dimanche, vers 22 heures. Pendant quatre heures, des tirs retentissent dans la capitale. Un diplomate rapporte qu'on tire à la mitrailleuse lourde et au mortier. Puis, vers 2 heures du matin, les combats semblent cesser, avant de reprendre à 6 heures.
Dans la journée, la situation semble stabilisée. Le président, Salva Kiir, fait une déclaration à la presse. Il dit avoir échappé au pire : "Il y a une tentative de coup d'Etat, mais ils [les auteurs] ont échoué, et nous avons le contrôle". Signe de la tension, le président, connu pour ses costumes et chapeaux de cow-boy, a endossé une tenue militaire couleur camouflage. Il se veut rassurant : "Les assaillants ont fui et nous sommes à leur poursuite."
Qui a voulu s'emparer du pouvoir ? "Un groupe de soldats fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar", répond le président. Riek Machar est le rival de Salva Kiir. Il a été limogé en juillet.
La situation reste confuse
Une chercheuse américaine se montre suspicieuse. "Quelque chose se passe au Soudan du Sud, mais on ne sait pas bien quoi", résume-t-elle. Mutinerie ? Tentative de coup d'Etat ? Les réseaux de téléphonie mobile sont coupés. Les médias internationaux se trouvent en Afrique du Sud pour couvrir les funérailles de Nelson Mandela ou en Centrafrique pour suivre l'intervention française. Bref, la situation reste confuse.
Pendant ce temps, lundi, plusieurs personnalités, dont quatre ministres congédiés en juillet avec l'ensemble du gouvernement, sont arrêtées, rapporte la station indépendante Radio-Tamazuj. Un couvre-feu entre 18 heures et 6 heures est instauré "jusqu'à nouvel ordre" dans la capitale.
Les combats reprennent dans la nuit
Mais dans la nuit de lundi à mardi, des combats reprennent à Juba entre des éléments rivaux de l'armée sud-soudanaise. Sur Twitter, une expatriée barricadée témoigne au point du jour après de violents combats :
Good morning. Just got internet through solar power. Terrible night. Solid gunfire. Got very close. Situation NOT UNDER CONTROL. #SouthSudan
— Hannah Graham (@hannnahgram) 17 Décembre 2013
Dans la matinée, elle évoque la présence de tanks et de lance-roquettes près de la présidence, mais aussi près de celle de l'ancien vice-président :
tank and very heavy gunfire near presidential compound. we are ducking behind walls #SouthSudan
— Hannah Graham (@hannnahgram) 17 Décembre 2013
reports that RPGs and t55 tanks attacking Riak Machar's compound. That would be what all that earth moving sound is then... #SouthSudan
— Hannah Graham (@hannnahgram) 17 Décembre 2013
Un autre tweete une photo de Sud-Soudanais réfugiés près d'une cathédrale :
#SouthSudan: Many Jubans seek shelter at church compounds. This photo was taken at St Theresa's Cathedral in Kator. pic.twitter.com/HFTu8wwIw0
— José Vieira (@josesvieira) 17 Décembre 2013
Rues désertes
Selon l'AFP, la situation reste extrêmement tendue mardi. Les forces de sécurité quadrillent l'ensemble des zones-clés de la ville et sont notamment déployées en nombre autour des ministères et sur les axes menant à la présidence. Tous les magasins sont fermés. Seuls des véhicules militaires patrouillent dans les rues désertes de la capitale, dont les habitants sont barricadés dans leurs foyers.
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