Salva Kiir a prêté serment samedi en tant que président de la nouvelle République du Soudan du Sud
"Par la présente, je jure par Dieu tout puissant qu'en tant que président de la République du Soudan du Sud je serai fidèle et je prête allégeance à la République du Soudan du Sud", a déclaré Salva Kiir devant des dizaines de milliers de Soudanais du Sud.
Le Soudan a reconnu vendredi la future République du Sud-Soudan, après 50 ans de guerre civile.
C'est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a annoncé la "déclaration d'indépendance du Sud-Soudan", devant des dizaines de milliers d'habitants. Le Sud à majorité chrétienne se sépare ainsi du Nord musulman après des décennies de guerre qui ont fait des millions de morts.
"Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, en se basant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan, et comme l'ont confirmé les résultats du référendum sur l'auto-détermination, proclamons par la présente le Sud-Soudan une nation indépendante et souveraine", a-t-il dit.
Le nouveau drapeau du Sud-Soudan a ensuite été hissé par une foule en liesse, au milieu d'applaudissements et de cris de joie, mais aussi de pleurs.
Le Soudan promet la paix avec son nouveau voisin
Dès vendredi, le Soudan avait reconnu la République du Sud-Soudan "en tant qu'Etat indépendant" et s'était "engagé à mettre en oeuvre l'accord de paix" de 2005, après des décennies de guerre entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, qui ont dévasté la région.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est félicité de l'ouverture d'une "nouvelle page pour le Sud-Soudan ", incitant les deux pays voisins à entretenir des relations "culturelles, politiques et commerciales positives et pacifiques".
Il a toutefois rappelé qu'il fallait "écouter la voix du peuple à Abyei -province frontalière contestée- et au Kordofan-Sud", seul Etat pétrolier du Nord, théâtre de combats entre forces gouvernementales et milices favorables aux sudistes.
Le Sud-Soudan est le 193e Etat des Nations Unies.
El-Béchir, Un invité embarrassant
Le président du Soudan Omar el-Béchir, sous le coup de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) notamment pour génocide, a confirmé qu'il allait assister à la cérémonie, souhaitant que le nouveau pays soit "stable et sûr". Des responsables sudistes ont affirmé qu'il était l'invité d'honneur.
Mais le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui représente la France aux cérémonies, a annoncé qu'il essaierait d'éviter le président soudanais en restant aux côtés des dirigeants internationaux comme son homologue britannique William Hague.
La communauté internationale reconnaît le Sud-Soudan
La communauté internationale, Etats-Unis, Chine, Russie, Union européenne et ses Etats membres en tête, a rapidement reconnu le Sud-Soudan samedi, assurant de son soutien ce pays parmi les plus pauvres au monde.
Dans un communiqué annonçant la reconnaissance officielle par les Etats-Unis du Sud-Soudan, le président Barack Obama a ainsi déclaré qu'il pourrait compter sur l'aide des Américains.
"Au moment où les Sud-Soudanais entreprennent la difficile tâche de bâtir leur nouveau pays, les Etats-Unis promettent d'être leurs partenaires dans leur recherche de la sécurité, du développement et d'une gouvernance qui puisse répondre à leurs aspirations et au respect des droits de l'Homme", a-t-il dit.
Principal partenaire commercial du Soudan et plus gros investisseur dans son industrie pétrolière, la Chine espère de son côté que le Nord et le Sud seront "de bons voisins, des partenaires et des frères pour toujours", a affirmé l'envoyé spécial du président Hu Jintao aux cérémonies.
Pour sa part, l'Union européenne "envisage un accord de partenariat avec la République du Sud-Soudan (...) et encourage ses dirigeants à respecter le pluralisme et la diversité afin de créer une société démocratique et équitable fondée sur la loi et le respect des droits de l'Homme".
La France "assure le gouvernement et le peuple du Soudan du Sud de son soutien en vue de construire un Etat démocratique, et d'assurer la paix, la sécurité et le développement dans l'ensemble du pays", a indiqué le président français Nicolas Sarkozy.
De son côté, l'Allemagne, a noté par la voix de sa chancelière Angela Merkel que "maintenant commence la tâche de soutenir le Sud-Soudan sur la voie d'une stabilité dans laquelle les gens trouveront la paix, la sécurité et le développement économique".
Au Royaume Uni, le Premier ministre britannique David Cameron a indiqué qu'il reconnaissait le Sud-Soudan et a souligné avoir "hâte de forger des liens encore plus étroits entre le Royaume-Uni et le Sud-Soudan dans les mois et les années à venir".
L'accord de paix signé en 2005, sous la pression notamment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, a ouvert la voie au référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan, organisé en janvier dernier. Près de 99% des sudistes ont opté pour la sécession au cours de ce vote qui s'est déroulé sans incidents majeurs.
L'accession à l'indépendance intervient après plus de 50 ans de guerre - entrecoupée par une période d'accalmie de quelques années - entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, un conflit qui a dévasté la région, fait des millions de morts et créé une méfiance réciproque.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution créant une Mission des Nations unies au Sud-Soudan (Minuss) dotée de 7.000 soldats, de 900 civils et d'experts pour contribuer à la construction du pays et à la sécurité.
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