Cet article date de plus de cinq ans.

Soudan du Sud : Eye Radio s'autocensure pour continuer à émettre

Seule radio nationale qui s'exprime dans plusieurs langues locales, elle revendique un million d'auditeurs dans un pays de douze millions d'habitants. Mais par crainte d'être interdite, elle avoue ne plus donner la parole, en direct, à des opposants.

Article rédigé par franceinfo Afrique
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Un agent de sécurité dans les locaux de la station Eye Radio à Juba, capitale du Soudan du Sud, le 2 mars 2019. (SIMON MAINA / AFP)

2016 : Eyes Radio, la seule radio indépendante basée au Soudan du Sud en guerre, est sanctionnée. Le pouvoir lui interdit d'émettre. Motif : avoir diffusé 30 secondes d'un discours de l'opposant Riek Machar. Juba, la capitale, est alors le théâtre de violents combats concentrés dans le quartier Jebel, où sont justement installés les locaux du média et le QG de M. Machar. 

Malgré un nouvel accord de paix signé en août 2018 entre le président Salva Kiir et son rival – et sur le point d'entrer en application "on a vraiment du mal à rester indépendant", confie le directeur de la radio, Koang Pal Chang, à l'AFP. "Les médias s'autocensurent afin de ne pas avoir de problèmes avec les autorités", affirme-t-il. D'autres médias ont fermé définitivement, selon lui, ce qui explique la censure qu'Eye Radio s'applique à elle-même, échaudée par le précédent de 2016, pour éviter de froisser les autorités.

Auto-censure et problèmes financiers

Dans le même temps, la radio est confrontée à des difficultés financières : depuis 2013, elle bénéficie d'une aide de l'Agence américaine d'aide publique au développement (Usaid), mais cette bourse arrive à son terme. Pour réduire ses coûts, Eye Radio a dû tailler dans ses effectifs et installer 200 panneaux solaires pour économiser les 5000 dollars (4450 euros) nécessaires par mois en carburant pour leur générateur. Mais sans donateurs, "la seule radio indépendante du pays devra arrêter de diffuser", déplore Charles Haskins, de l'ONG Internews, partenaire d'Usaid, cité par l'AFP.

En 2017, une étude de l'organisation humanitaire Reach, citée par l'AFP, présentait la langue et l'illettrisme (70% de la population) comme les principaux obstacles à la compréhension des informations au Soudan du Sud. La radio reste malgré cela la première source d'information dans le pays, notamment dans les camps de déplacés, où les haut-parleurs crachent les programmes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.