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Soudan: les présidents Omar el-Béchir et Donald Trump invités au sommet de Ryad
Le président américain sera le 20 mai 2017 en Arabie Saoudite pour un sommet organisé par Ryad. Donald Trump doit y exprimer devant les dirigeants des pays musulmans réunis sa volonté de combattre les «idéologies radicales» et sa «vision pacifique» de l’Islam. Son voyage pourrait être obscurci par la présence de Omar el-Béchir, le président soudanais visé par un mandat d’arrêt international.
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Pour son premier déplacement à l’étranger depuis son élection, le président américain Donald Trump se rend en Arabie Saoudite pour participer à un sommet organisé par les autorités du royaume.
Trump veut «rassembler le monde musulman contre les ennemis communs de la civilisation»
A l’instar de Barack Obama qui avait lors de sa première sortie prononcé le 4 juin 2009 son fameux discours du Caire, le nouveau chef de la Maison Blanche doit s’adresser à une cinquantaine de dirigeants de pays musulmans réunis pour l’occasion par le roi Salmane.
En dépit de son décret, controversé et bloqué pour le moment par la justice, de fermer les frontières américaines aux ressortissants de six pays en majorité musulmans (Iran, Libye, Syrie, Somalie, Soudan et Yémen), Donald Trump devrait assouplir le ton.
Selon le général McMaster, qui dirige le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, cette allocution visera «à rassembler le monde musulman contre les ennemis communs de la civilisation et à démontrer l’engagement de l’Amérique envers nos partenaires musulmans».
Donald Trump devrait également réaffirmer «la nécessité d’affronter les idéologies radicales» et exprimer ses «espoirs» pour «une vision pacifique de l’Islam».
Cette première prise de contact avec les dirigeants des pays musulmans pourrait toutefois être assombrie par la présence du président soudanais Omar el-Béchir.
Le Soudan confirme la participation d'Omar el-Béchir au sommet de Ryad
Visé par un mandat d’arrêt de la Coup pénale internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, le dirigeant soudanais est en effet convié lui aussi au sommet de Ryad.
L’invitation a été confirmée par Makki Elmograbi, porte-parole de l’ambassade du Soudan à Washington cité par le New York Times et par un responsable saoudien ayant requis l’anonymat, mais aucun n’a confirmé la participation d’Omar el-Béchir.
C’est le ministre soudanais des Affaires étrangères qui s’en est chargé. «Je peux confirmer que le président Béchir (...) ira en Arabie Saoudite», a déclaré Ibrahim Ghandour, lors d'une rencontre avec des journalistes à Genève. «Nous nous réjouissons de la normalisation de nos relations avec les Etats-Unis», a-t-il même ajouté
La présence des deux présidents au sommet serait en tout cas une brèche dans la politique suivie par Washington jusque là. Les Etats-Unis ne sont pas membres de la Cour pénale internationale mais ont toujours «cherché à ostraciser les accusés qui défiaient les mandats d’arrêts de cette cour», écrit le New York Times.
Une mise à l'épreuve de l'amitié retrouvée entre Ryad et Washington
L’Arabie Saoudite, qui n’est pas non plus membre de la CPI, a souvent reçu Omar el-Béchir dont le pays fait partie de la coalition militaire arabe intervenant au Yémen sous commandement saoudien, sans être inquiété.
La présence du président soudanais au sommet de l’Union Africaine à Johannesburg en 2015 avait déjà fait polémique. Des juges d’Afrique du Sud, membre de la CPI, avaient bien tenté de l’empêcher de quitter le pays, mais Il avait pu repartir après une intervention du président Jacob Zuma.
Le sommet de Ryad se tient deux mois après l’entretien à la Maison Blanche entre Donald Trump et Mohammed Ben Salmane. A l’issue de cette rencontre, un conseiller du vice-prince héritier avait parlé de «tournant historique» dans les relations américano-saoudiennes et qualifié le président Trump de «vrai ami des musulmans qui servirait le monde musulman d’une manière insoupçonnée».
La participation d’el-Béchir au sommet de Ryad pourrait donc constituer une mise à l’épreuve de l’amitié fraîchement retrouvée avec l’administration Trump, après des années de tensions avec l’administration Obama.
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