Tanzanie : ce que l'on sait du naufrage d'un ferry, qui a fait plus de 200 morts
Le "MV Nyerere" a coulé dans le sud du lac Victoria, jeudi, alors qu'il se dirigeait vers l'île d'Ukara.
La Tanzanie est en deuil. Plus de 200 personnes sont mortes dans le naufrage d'un ferry, jeudi 20 septembre, sur le lac Victoria. Une catastrophe qui a poussé le président, John Magufuli, à décréter, vendredi, quatre jours de deuil national.
Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce naufrage.
Un bilan très lourd
Depuis l'accident, le bilan n'a cessé de s'alourdir. "Le nombre de personnes qui ont perdu la vie est de 207", a annoncé samedi la radio publique TBC Taifa en milieu d'après-midi, citant le ministre tanzanien des Transports, Isack Kamwelwe. Le chef de l'armée tanzanienne, le général Venance Mabeyo, a déclaré sur TBC Taifa espérer que "les opérations [de recherches] se terminent aujourd'hui". Le bilan élevé est attribué au fait que peu de gens savent nager dans cette région du monde.
Sur le rivage, des dizaines de cercueils en bois étaient alignés, attendant d'être récupérés par les proches des victimes. Aisha William, mère de deux enfants en bas âge, est venue récupérer le corps de son mari : "Il était parti mardi vers midi, mais il n'est jamais rentré à la maison. Je ne sais pas comment je vais faire pour élever mes deux enfants."
Une quarantaine de survivants
Au total, 41 personnes ont pu être sauvées des eaux. L'espoir de voir évoluer ce chiffre est désormais quasiment nul, même si, contre toute attente, un homme a été extrait vivant de l'épave samedi à la mi-journée. Il a survécu pendant près de deux jours dans un compartiment du navire encore rempli d'air, a indiqué un député local.
Un navire surchargé
Le MV Nyerere a chaviré jeudi après-midi à quelques dizaines de mètres à peine de l'île d'Ukara, sa destination finale. Les témoins et les survivants ont donné deux versions de la catastrophe, mais la surcharge du navire semble d'ores et déjà en cause : le nombre de victimes additionné au nombre de rescapés surpassent largement la capacité du bateau, établie à 101 personnes, alors que le nombre exact de personnes se trouvant à bord du bateau au moment du drame reste pour l'heure inconnu.
Selon certains témoins, des passagers se sont déplacés vers l'avant du navire à l'approche du débarcadère, un mouvement qui pourrait avoir déséquilibré le bateau. Selon d'autres, la personne se trouvant à la barre, distraite par son téléphone portable, a raté la manoeuvre d'approche et, souhaitant se rattraper, a effectué une manoeuvre brutale qui a fait chavirer le ferry.
Un capitaine aux abonnés absents
Le président tanzanien, John Magufuli, a révélé vendredi soir que les premiers éléments de l'enquête indiquaient que le capitaine du bateau ne se trouvait pas à bord, mais avait délégué ses fonctions à un subordonné sans expérience. Evoquant une "négligence", le président a ordonné vendredi soir que "toutes les personnes impliquées dans la gestion du ferry" soient arrêtées. "Les responsables seront absolument punis", a-t-il promis, décrétant également un deuil national de quatre jours.
La navigation peut être difficile sur le plus grand lac d'Afrique, où elle se fait souvent sur des navires vétustes et trop chargés. Les autorités sont souvent peu regardantes sur la sécurité. En 1996, quelque 800 personnes, selon la Croix-Rouge, avaient trouvé la mort dans le naufrage du ferry Bukoba, surchargé de passagers, à quelques milles marins au large de Mwanza.
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