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Choc pétrolier : les finances des producteurs africains dans le rouge

Sur le marché mondial, le baril de pétrole a perdu près de 60% de sa valeur en moins de deux ans. Les conséquences sont dramatiques pour les producteurs africains dont les recettes reposent essentiellement sur la manne pétrolière. Les caisses sont vides. La colère gronde. Certains pays comme l’Angola et le Tchad n’arrivent plus à payer régulièrement les salaires de leurs employés.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
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Des travailleurs nigérians sur le site d'exploitation pétrolière de Bonga dans la région de Lagos. (Photo Reuters/Akintunde Akinleye)

Les Angolais eux-mêmes ont du mal à y croire. Leur pays, en pleine croissance économique, s’est subitement figé en 2015. Pour les 1900 employés de la société nationale des transports urbains de Luanda, la crise est foudroyante. Ils n’ont pas été payés depuis neuf mois. Ils se sont mis en grève, en vain. L’Etat n’en a plus les moyens. Ses pétrodollars se sont volatilités en quelques mois.
 
Des familles entières se retrouvent donc dans la rue faute de pouvoir s’acquitter de leurs loyers. Les employés n’arrivent plus à payer leurs frais médicaux ni les frais de scolarité de leurs enfants.
 
La fin de l’eldorado angolais
75% des recettes de l’Etat angolais proviennent de l’or noir. C’est le deuxième producteur du contient derrière le Nigeria.
 
Avec l’effondrement des cours du pétrole, l’argent se fait de plus en plus rare. La perte de recettes a atteint 25 milliards de dollars en 2015. La monnaie nationale est en chute libre. L’inflation est généralisée.
 
Résultat : le pays tourne au ralenti. Les grands projets d’infrastructures sont paralysés notamment dans le secteur de la construction qui emploie non seulement des millions d’Angolais, mais aussi des centaines de milliers de Portugais. Ces derniers pourraient être amenés à quitter l’Angola.
 
Ingénieurs, informaticiens, électroniciens, architectes et divers professionnels qualifiés... ils sont plus de 200.000 Portugais à s'être installés dans leur ancienne colonie angolaise. Leur avenir semble incertain. La presse portugaise annonce «la fin de l’eldorado angolais». Elle craint que la crise actuelle n’installe le pays dans un climat de tension sociale qui sera difficilement contrôlable.
 
Plateforme pétrolière en Angola. C'est le deuxième producteur de pétrole en Afrique après le Nigeria. (Photo AFP/Marcel Mochet)

Branle-bas de combat au Tchad
Comme celle de l'Angola, l’économie tchadienne a été touchée de plein fouet par l’effondrement des cours du pétrole. L’or noir représente plus de 60% des recettes du pays. Le gouvernement a donc revu à la baisse ses prévisions budgétaires. Les impacts du choc pétrolier sont partout, constate le magazine African Business.
 
«Partout à Ndjamena, le bal des engins de construction a nettement ralenti. L’inflation et le chômage poursuivent leur hausse. Les salaires et les pensions ne sont pas versés à temps. Les étudiants cumulent des arriérés de bourses. Les hôpitaux peinent à fonctionner, faute de subventions», écrit le magazine qui craint que le Tchad ne s’enfonce inexorablement dans une crise sociale.
 
Malgré les assurances des pouvoirs publics, qui promettent de ne pas toucher aux salaires des fonctionnaires, les syndicats restent sur leurs gardes. Ils s’interrogent sur l’utilisation des milliards générés par le pétrole tchadien depuis 2003.
 
«Qu’on ne nous dise pas que dans ce pays, il n’y a pas d’argent», s’indigne un syndicaliste dans les colonnes d’African Business. «Depuis 2003, le Tchad a beaucoup engrangé. Où est allé cet argent? Ce ne sont pas ces petits édifices construits ici et là, ou ces rues qui se dégradent le lendemain qui ont tout englouti», s’interroge-t-il.
 
«Double choc» en Afrique centrale
Le Tchad fait partie de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) dont le pétrole constitue la principale ressource.
C'est le cas pour le Cameroun, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale. Le pétrole représente aujourd’hui environ 70% des exportations de la zone et plus d’un tiers de ses recettes budgétaires.
 
Ces pays sont confrontés à un «double choc» entre, d’un côté, la chute des prix du pétrole et, de l’autre, les attaques du groupe islamiste Boko Haram. La directrice du FMI, Christine Lagarde s'en est inquiétée lors de sa rencontre à Yaoundé avec les ministres des Finances de la région, le 8 janvier 2016. Pour elle, les perspectives d’une faiblesse persistante des cours du pétrole signifient que les financements disponibles seront nettement restreints à l’avenir. Dans une région où la lutte contre Boko Haram, qui sévit au Cameroun et au Tchad, se traduit par une augmentation des dépenses militaires. 

Christine Lagarde préconise une meilleure maîtrise des dépenses dans les projets d’infrastructures, l’accroissement des recettes hors pétrole, notamment dans le domaine fiscal et une meilleure intégration régionale.

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