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Reportage "Je vais voter pour le changement, pas pour le président" : en Tunisie, le dilemme des électeurs face au référendum sur la Constitution

9,3 millions d'électeurs sont appelés aux urnes en Tunisie ce lundi pour se prononcer sur la Constitution souhaitée par le président, Kaïs Saïed. Le texte divise et l'abstention pourrait être très forte.

Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des manifestants à Tunis, le 23 juillet 2022, qui protestent contre le référendum constitutionnel prévu ce lundi. (FETHI BELAID / AFP)

"Moi, je boycotte." Sana Benachour a fait son choix. Elle ne participera pas au référendum constitutionnel: "Je ne veux pas lui donner de  légitimité démocratique." Ce "lui" dont elle parle, c'est le président tunisien, Kaïs Saïed : il appelle les Tunisiens à voter lundi 25 juillet pour approuver ou non une nouvelle Constitution pour le pays.

>> Tunisie : pourquoi la nouvelle Constitution proposée par le président Kaïs Saïed pose problème

Le texte donnera de vastes prérogatives au chef d'Etat, marquant une rupture avec le système parlementaire hybride instauré en 2014. L'été dernier, Kaïs Saïed s'était déjà octroyé tous les pouvoirs sur la Tunisie, qu'il dirige désormais par décrets.

"Je sais que tout est pipé, tout est pipé, poursuit cette Tunisienne. Son instance indépendante, c'est l'instance non indépendante pour les élections. C'est vraiment un scandale. Nous n'avons pas envie de vivre comme les sujets d'un roi. Nous voulons être des citoyens et des citoyennes égaux, libres, dignes. Et on est capables de le faire tôt ou tard."

"On finira par l'évincer comme tous les autres. On lui fera un 'dégage', un fameux et un formidable 'dégage' !"

Sana Benachour

Samy, lui, ira voter. Nostalgique de l'époque Ben Ali, il rêve de retrouver un leader capable de ramener ordre et richesse. Et rien dans la nouvelle Constitution ne lui fait peur. Il ne voit "pas de dictature ici" et assure que, "de toute façon, la démocratie ne fonctionne pas en Tunisie" : "L'important, pour le pays, c'est d'avoir un homme fort capable de mettre en oeuvre les réformes nécessaires."

Un espoir de changement

Mohamed aussi ira voter. Dans l'urne, il mettra un bulletin "oui", pour tourner la page de la Révolution et pour donner une chance au président de réussir, dit-il, là où les autres ont échoué : "Je vais voter pour le changement, ce n'est pas pour Saïed que je vote, ce n'est pas pour le président, mais pour le changement. Un nouveau changement, puisque l'ancien n'a pas marché."

Le Tunisien poursuit : "Ca n'a pas marché avec Ben Ali. Ca n'a pas marché avec Ennahda et compagnie. On change ! On change ! On est là pour changer."  Le résultat officiel de ce référendum n'est pas attendu avant fin août.

Référendum sur la Constitution en Tunisie : le reportage de Nathanaël Charbonnier

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