En Tunisie, la crainte que le référendum dissipe définitivement le mirage de la démocratie
Lundi, plus de neuf millions de Tunisiens sont appelés à voter sur une nouvelle loi fondamentale, lors d'un référendum qui a de fortes chances d'être adopté. Avec, en creux, une question : serait-ce la fin du Printemps arabe, débuté dans le pays il y a onze ans ?
Le Printemps arabe est un vague souvenir pour ce Tunisien qui vit de la récupération de bouteilles plastiques dans la rue et qui votera oui au réferendum de lundi. Proposé par Kais Saïed, il permettra au président tunisien de jouir de vastes prérogatives sans devoir rendre de comptes, marquant une rupture avec le système parlementaire hybride instauré en 2014.
Ce pays de douze millions d'habitants est en proie à une grave crise politique depuis que le président Kaïs Saied s'est octroyé il y a un an l'ensemble des pouvoirs et le dirige par décrets. Ce sont 9,3 millions d’électeurs qui sont appelés aux urnes, avec cette question : serait-ce la fin du printemps arabe débuté en Tunisie il y a 11 ans ?
Certains regrettent le dictateur Ben Ali
Il est temps en effet de tourner la page. Et l'homme d'expliquer que la situation ne cesse d'empirer, qu'il a perdu son travail de conducteur et que les partis politiques, pendant dix ans, n'ont rien fait pour améliorer les choses. Si bien qu'il en vient à regretter l'ancien dictateur Ali Ben Ali.
"C'était mieux que maintenant", soupire-t-il. La faute aux partis politiques et à Ennahdha, parti religieux de toutes les coalitions. "Rendre Ennahdha coupable est un faux procès, se défend l'ancien Premier ministre Ali Larayedh. Nous comprenons ceux qui disent il y a eu des échecs, mais dans le domaine politique, cette décennie est la meilleure !"
Le référendum de lundi, le cercueil de la révolution ? Une évidence, pour beaucoup, même si certains veulent encore y croire. "C'est la continuité de la révolution, s'exclame l'un d'eux. La Révolution, ce n'est pas une marchandise qu'on achète chez l'épicier. La révolution, c'est un processus. Il y a des hauts et des bas ! Non, on continue notre lutte !" Cette lutte entamée innocemment par le jeune Mohamed Bouazizi, qui s'était immolé par le feu sur son marché de Sidi Bouzid en 2011.
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