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«La Terre est plate», la thèse qui donne le tournis en Tunisie

La communauté universitaire tunisienne ne décolère pas contre la «thèse farfelue» d’une étudiante qui affirme que la Terre «est plate et le soleil gravite autour», remettant en cause les fondements de la physique et de l’astronomie.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran d'une Terre très plate... (DR)

C’est «LA» polémique qui secoue actuellement les réseaux sociaux tunisiens: une étonnante thèse d’une doctorante en géologie qui va à l’encontre des fondements de la physique et de l’astronomie. Pour cette étudiante de l’université de Sfax, la Terre «est plate, fine, fixe et située au centre de l'univers».
 
Religion vs science: lapider les diables
Après plus de cinq ans de recherches, l’étudiante arrive à la conclusion qu’en «ce qui concerne les lois physiques connues, on a rejeté les lois de Newton, de Kepler et d’Einstein vue la faiblesse de leurs fondements et on a proposé par contre une nouvelle vision de la cinématique des objets conforme aux versets du coran (sic).» Et de développer, selon les bonnes feuilles publiées par Jeune-Afrique, une vision très originale: «Les étoiles se situent à 7.000.000 km avec un diamètre de 292 km et leur nombre est limité. Elles possèdent trois rôles: être un décor du ciel ; de lapider les diables et (de donner) des signes pour guider les créatures dans les ténèbres de la terre (sic)

Capture d'écran (DR)

Emoi universitaire
La communauté universitaire tunisienne s’étrangle d’indignation. «Où va notre pays? Amira Kharoubbi, étudiante à l'ENIS, a travaillé depuis 2011 dans le cadre de la préparation d'une thèse sous la direction du Professeur Jamel Touir pour remettre en cause Copernic, Galilée, Kepler, Newton, Einstein, soutenant que ce sont des "chimères"... Comment un tel travail a-t-il pu être accepté dans le cadre de l'Ecole doctorale depuis 2011? Comment peut-on accepter que l'Université soit non pas l'espace du savoir, de la rigueur scientifique, mais celui de la négation de la science, celui où la science est refusée car non conforme à l'islam!», s’offusque Faouzia Charfi.
 
«Lorsque les arguments sont purement religieux, ou prétendus tels, il ne peut s’agir de science. Leurs méthodes ne sont pas les mêmes. L’une est démonstrative, empirique et expérimentale, l’autre s’adosse à un argument d’autorité. Fondée sur le dogme, la religion ne connaît pas ce qui fait la science: ses doutes et ses successives découvertes. Que les étoiles du ciel protègent notre géniale candidate du diable qu’est la modestie et renforcent l’ange de son arrogante ignorance», ironise Ali Mezghani.

 
Devant le tollé général, le directeur de cette thèse Jamel Touir, ancien député, sans désavouer son étudiante, rappelle que la thèse n’a pas été encore validée par la Commission scientifique.
 
Deux experts issus d’universités différentes ont été désignés pour vérifier si ce travail répond ou non aux normes et à la méthodologie de recherche scientifique. La polémique est loin d’être éteinte.

Capture d'écran (DR)

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