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La Tunisie dans l'impasse

Un mois et demi après les élections à l’Assemblée constituante du 23 octobre, la Tunisie est en panne. Le pays n’a pas de gouvernement, l’économie est en berne, la situation sociale est explosive, des sympathisants islamistes tentent d’imposer leurs vues…
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation devant l'Assemblée constituante à Tunis le 1er décembre 2011 (AFP - FELAID BELAID )

Depuis une semaine, la place du Bardo à Tunis, face à l’Assemblée constituante, concentre toutes les colères et revendications du pays. Mardi 6 décembre, des milliers de personnes ont manifesté dans le calme en scandant les slogans de la révolution qui ont abouti le 14 janvier à la chute de l’ex-dictateur Ben Ali. Ils ont rejoint des centaines d’autres « sit-inneurs », chômeurs, femmes inquiètes pour leurs droits, qui campent là depuis plus d’une semaine.

Un autre camp s’était installé samedi 4 décembre : des milliers de sympathisants islamistes, agitant notamment le drapeau noir d’un parti salafiste illégal, venus marquer leur territoire.

Pour l’instant, le pays est privé d’exécutif. Le gouvernement sortant ne s’occupe plus que des affaires courantes. L’élection du président de la République et la formation d’un nouveau gouvernement ne pourront intervenir qu’après l’adoption, à l’Assemblée, d’une Constitution provisoire. Celle-ci doit régir l’organisation des pouvoirs publics jusqu’à la tenue d’élections générales.

A l’issue d’âpres discussions, les trois vainqueurs du scrutin du 23 octobre, les islamistes d’Ennahda et les deux partis de gauche, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, ont finalement réussi à s’entendre sur la répartition des pouvoirs. Le dirigeant du CPR doit devenir président, le numéro deux d’Ennahda premier ministre. Malgré cela, ce parti est accusé, y compris par ses partenaires, de vouloir s’arroger les pleins pouvoirs…

Grave crise économique et sociale
Dans ce contexte, les travaux de l’Assemblée n’avancent pas. Les députés ont adopté le premier article du texte constitutionnel. Mais il leur en reste 25 à discuter...

Plusieurs élus ont fait part de leur irritation devant la lenteur des travaux, alors que la Tunisie fait face à une grave crise économique et sociale. Tous les indicateurs sont au rouge : croissance nulle prévue en 2011, taux de chômage dépassant 18 %. Mercredi, deux chômeurs de la région minière de Gafsa (centre) ont tenté de se pendre en public devant le siège de la Compagnie des Phosphates (CPG). Dans cette région, deux localités ont été mises à sac après la publication des résultats, jugés truqués, d’un concours de recrutement à la CPG.

En même temps, les tensions entre « modernistes » et islamistes se creusent. Les salafistes, ultra-minoritaires, profitent de la situation actuelle pour donner de la voix. La faculté des lettres de La Manouba (banlieue de Tunis) a dû fermer ses portes le 6 décembre après de nouveaux incidents provoqués par quelques dizaines de manifestants qui contestent l’interdiction du niqab (voile intégral) à l’université.

La situation est également tendue dans le sud du pays. Les deux points de passage avec la Libye sont fermés en raison de la multiplication d’incidents impliquant notamment des Libyens armés.

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