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Tunisie : Daech et Hitler «héros» de lycées de Jendouba et de Kairouan
A l'occasion de la fin des épreuves du bac sport, trois lycées tunisiens ont fait la fête. Les invités d'honneur : Hitler ou Daech, avec oriflammes et calicots à l'effigie de ces héros d'un nouveau genre. Si certains n'y voient qu'un chahut de lycéens, d'autres trouvent les références de cette jeunesse très inquiétantes.
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Tout se passe en Tunisie, dans deux régions (gouvernorats) distinctes. Kairouan à 150 kilomètres au sud-ouest de Tunis et Jendouba au nord-est du pays. Si Kairouan est réputée pour être le centre spirituel et religieux de la Tunisie, rien de tel pour Jendouba. Alors qu'est-ce qui a bien pu motiver les élèves de trois lycées dans ces choix ? L'histoire ne le dit pas encore.
La coutume veut en effet que les élèves fêtent la fin des épreuves du bac sport, avec faste, façon défouloir. Mémorable, la version 2015 risque de le rester, mais pas forcément dans le bon sens du terme. A la stupeur de certains enseignants a succédé l'indignation du net quand des calicots géants ont été déployés dans ces trois lycées.
Un lycée Jendouba a ouvert le bal aux pieds d'Hitler saluant le drapeau Allemand...
Une fête endiablée...
Le Lycée de Jeunes filles de Kairouan (LJFK) s'est, quant à lui, réjoui devant le «portrait» mi-manga, mi-naïf, d'un exécuteur de Daech visage masqué, armé d'un cimeterre, devant lequel on reconnaît des otages égorgés dans leur combinaison orange (façon Guantanamo). Et à l'extrême droite de l'image, le pilote jordanien qui a été brûlé vif.
Dans la région de Jendouba, dans un autre lycée, c'est un affichage se référant clairement à Daech, déployé par des garçons arborant des drapeaux du djihad, qui a présidé aux festivités. Il est possible de lire tout en haut : «Nous n'acceptons que le pouvoir de Dieu.» En dessous à gauche, il est écrit : «Al Qods (Jérusalem) nous arrivons.» Impossible de lire ce qui correspond aux portraits de Steve Jobs et Bill Gates.
Mohamed Kacimi, écrivain dramaturge algérien, s'indigne et déplore sur sa page Facebook : «En découvrant les images des Lycées de Jendouba, j’ai ressenti une terrible révolte et grande tristesse. Comment est-ce possible dans cette Tunisie, qui incarne nos derniers espoirs en une expérience démocratique et où le niveau d’instruction est l’un des plus élevés du monde arabe ? D’autant que l’information n’a pas suscité de grands remous. Mieux, certains m’ont écrit qu’il faut les comprendre, les gamins, c’est leur façon de fêter le bac. Pire, une "amie" m’assure que c’est un jeu. Un jeu ! On est si démunis à Jendouba pour que les gamins n'aient rien d'autre dans leur coffre à jouets qu'Hitler et Daech? On s’éclate donc avec le fascisme et le terrorisme ! Une société qui laisse ses enfants dire qu’Hitler et Daech sont leurs pères Noël est une société qui a renoncé à l’avenir, à son humanité.»
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