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Tunisie : la campagne "Balance ton hôpital" dénonce le délabrement du système de santé

Décès de 12 nouveau-nés en quatre jours dans une grande maternité de Tunis, des suites d'une infection contractée à l'hôpital. Sur les réseaux sociaux, le hashtag  #balancetonhopital amplifie la colère des Tunisiens contre le délabrement de leur système de santé.

Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
La maternité Wassila Bourguiba à Tunis. (FETHI BELAID / AFP)

"Toilettes insalubres, salles d’attente inondées, rats dans les couloirs, ascenseurs en panne… Quelques jours seulement après son lancement, la campagne numérique 'Balance ton hôpital' sévit sur les réseaux sociaux. Plusieurs dizaines de messages et de clichés ont été postés sur une page Facebook où de nombreux médecins, internes, externes et étudiants en médecine ont publié leurs témoignages, dénonçant de nombreuses défaillances dans les hôpitaux, notamment ceux de la capitale", écrit Jeune Afrique.

Après la mort des nourrissons, le pouvoir tunisien a réagi. Le ministre de la Santé en poste Abderraouf Chérif a dû démissionner. "Tout le secteur de la santé est dans un état d'urgence ! (...) Il y a des problèmes dans ce secteur ! Les professionnels ont lancé vingt mille fois des cris d'alarme !", a reconnu sa remplaçante Mme Ben Cheikh.  "Ça suffit", a-t-elle martelé ajoutant que tout le monde devait "être mis devant ses responsabilités". 

Sous le hashtag "Balance ton hôpital", les réseaux sociaux multiplient les photos d’hôpitaux délabrés, d’hygiène douteuse, de conditions de travail déplorables. "Des professionnels et des cadres médicaux ont lancé à maintes reprises des cris d’alarme pour dénoncer la situation catastrophique des établissements hospitaliers publics, mais rien de concret n’a vraiment été fait", explique le Huffingtonpost Maghreb.

Les images et les témoignages réunis sous ce hashtag peuvent mieux expliquer la mort des nourrissons qui auraient été victimes d’une infection nosocomiale. 

Plus largement, ces témoignages décrivent un système de santé touché par la situation budgétaire du pays obligé de réduire ses dépenses publiques, alors que les hôpitaux publics affichent une dette de plus de 100 millions d'euros. Une situation aggravée par l'exode des jeunes médecins vers l'Europe ou les pays du Golfe. 

"Ce qui s’est passé était attendu", déplore Souhail Alouini, médecin et député, président de la Commission de la santé et des affaires sociales de l’Assemblée des représentants du peuple, cité par Le Monde. "Cette catastrophe est le produit d’un vrai problème de gouvernance du secteur de la santé publique en Tunisie", ajoute-t-il. 

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