Tunisie : le président Kais Saied s'arroge de nouveaux pouvoirs judiciaires
Le chef d'Etat tunisien avait dissout le Conseil supérieur de la magistrature il y a une semaine, provoquant l'indignation. Il l'a remplacé dimanche par une autre organe "temporaire".
La décision fait craindre pour la démocratie. Le président tunisien Kais Saied a remplacé, dimanche 13 février, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qu'il a dissout il y a une semaine, par un autre organe "temporaire". Le chef d'Etat s'est également donné le pouvoir de limoger des juges et de leur interdire de faire la grève. Quelques heures après la publication de cette décision, plus de 2 000 manifestants se sont rassemblés dans le centre de Tunis pour protester contre les nouvelles mesures et exprimer leurs craintes quant à l'indépendance du système judiciaire.
"Cela rappelle les jours noirs de la Tunisie"
Après avoir suspendu le Parlement élu et avoir limogé le gouvernement en juillet, le président Saied a dissous le 5 février le CSM, une instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges, qu'il accuse de "partialité" et d'être sous l'influence du parti islamo-conservateur Ennahdha, sa bête noire. Le chef d'Etat a essuyé un flot de critiques dans son pays, mais aussi des Occidentaux après cette décision, vue comme un revers démocratique dans le berceau du Printemps arabe.
Ce nouveau décret "consolide les pouvoirs entre les mains du président et met fin à un semblant d'indépendance judiciaire", a indiqué dimanche la Commission internationale de juristes (CIJ) dans un communiqué. "Cela rappelle les jours noirs de la Tunisie, quand les juges étaient démis de leurs fonctions selon les caprices de l'exécutif", a ajouté l'ONG basée à Genève.
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