Tunisie : onze morts de bébés en deux jours dans une même maternité de Tunis, le ministre de la Santé démissionne
Le drame a provoqué un tollé dans le pays, où la situation des hôpitaux est critiquée. Un produit d'alimentation serait à l'origine de l'infection qui a tué les nouveau-nés.
Stupeur dans une maternité de Tunis (Tunisie). Entre jeudi 7 et vendredi 8 mars, onze nouveau-nés hospitalisés dans le même service de néo-natalité sont morts, annoncé le ministère de la Santé tunisien sur Facebook, samedi 9 mars. Dans la soirée, le ministre de la Santé Abderraouf Cherif a démissionné.
Le ministère de la Santé a indiqué dans un communiqué samedi soir que les décès ont "probablement" été causés par un "choc septique" dû à une infection du sang.
Selon la société tunisienne de pédiatrie, "les éléments de l'enquête en cours s'orientent vers une infection nosocomiale sévère", contractée au cours de l'hospitalisation. Son origine serait "un produit d'alimentation parentérale", c'est-à-dire administré par sonde gastrique.
Le Premier ministre promet des poursuites
Le Premier ministre Youssef Chahed a annoncé samedi soir, sur Facebook, avoir accepté la démission de son ministre de la Santé. Il s'est rendu à la maternité, où il a déclaré que "les responsables de tout manquement [seraient] poursuivis".
Le ministère de la Santé a indiqué qu'une enquête médicale avait été ouverte, afin d'établir les causes de ces décès, mais aussi de vérifier l'organisation du service concerné en matière d'hygiène et de gestion de sa pharmacie. Le parquet a par ailleurs annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire.
Les nouveau-nés étaient pris en charge par la maternité de la Rabta, qui fait partie d'un important complexe hospitalier de la capitale tunisienne.
Indignation nationale
"Des mesures de prévention et de traitement ont été prises afin d'éviter d'autres victimes" et de "s'assurer de l'état de santé des autres bébés de la maternité", écrit le ministère dans son premier communiqué, samedi. Un peu plus tard, dans un autre message sur Facebook, il a affirmé qu'aucun nouveau décès n'avait été constaté samedi.
La société tunisienne de pédiatrie a rappelé "les conditions précaires dans lesquelles exercent les professionnels de santé et l'urgence de prendre des décisions pour sauver l'hôpital public". Son président avait déjà alerté, quelques mois plus tôt, sur la situation de la maternité de la Rabta.
Le drame a provoqué une large indignation en Tunisie, où il est considéré comme révélateur d'un délabrement du système de santé publique. Les images de parents quittant l'hôpital avec le minuscule corps de leur enfant dans des cartons usagés ont choqué l'opinion tunisienne. Le quotidien national Essafa titrait ainsi, dimanche, sur un "Crime d'Etat".
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