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Zambie : disparition de l'ancien président Kenneth Kaunda, soutien inconditionnel des luttes de libération en Afrique australe

Son pays a abrité pendant plus de vingt ans le siège du Congrès national africain (ANC), dont les dirigeants exilés combattaient l'apartheid en Afrique du Sud.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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L'ancien président de la Zambie, Kenneth Kaunda, assiste au 40e anniversaire de l'indépendance à Lusaka, le 24 octobre 2004, après que le gouvernement a présenté des excuses publiques pour l'avoir arrêté et emprisonné sur de fausses accusations en 1997. (SALIM HENRY / REUTERS)

Kenneth Kaunda, l'ancien président zambien et père de l'indépendance, est mort d'une peumonie à l’âge de 97 ans, le 17 juin 2021, à Lusaka, la capitale de la Zambie. "KK", comme l'avaient surnommé les Zambiens, avait pacifiquement emmené l’ancien protectorat britannique de la Rhodésie du Nord à l’indépendance en octobre 1964. Il dirigera la Zambie pendant pendant vingt-sept ans. Kenneth Kaunda était soigné depuis quelques jours dans un hôpital militaire à Lusaka. L'actuel chef d'Etat zambien, Edgar Lungu, a regretté la disparition d'une "véritable icône africaine" dans un message publié sur Facebook. Le gouvernement a déclaré un deuil national de 21 jours. 

Un héritage politique en demi-teinte en Zambie

Se réclamant du socialisme et proche de Moscou, il a dirigé son pays en grande partie sous le régime d'un parti unique dont la mauvaise gestion a provoqué une grave crise économique et sociale. Après de violentes émeutes, il avait accepté des élections multipartites en 1991 et fut battu par Frederick Chiluba.

En 1996, il avait tenté un retour en politique mais en avait été empêché par de nouveaux amendements constitutionnels, rapporte Reuters. Né le 28 avril 1924 dans le nord de la Zambie de parents originaires du Malawi, il était désormais considéré comme un étranger.

En décembre 1997, Kenneth Kaunda sera même arrêté et accusé à tort de trahison à la suite d'une tentative de coup d'Etat par des officiers subalternes de l'armée. L'Etat zambien lui présentera plus tard des excuses. Après l'assassinat de son fils et héritier politique Wezi Kaunda en octobre 1999, l’ancien chef d’Etat annoncera son retrait de la politique, indique Reuters.

Si son héritage politique reste mitigé dans son pays, ce n’est pas le cas dans les Etats voisins dont il a soutenu les mouvements de libération. Notamment ceux à ses frontières : l'Angola, le Mozambique, la Namibie et surtout l’Afrique du Sud.

Héros des luttes de libération en Afrique 

Kenneth Kaunda sera un indéfectible allié du Congrès national africain (ANC) dans sa lutte contre l’apartheid en Afrique de Sud. Le dirigeant zambien a abrité dès les années 70 le siège du mouvement en exil. La Zambie était l'un des pays les plus opposés au gouvernement ségrégationniste de Pretoria. A sa sortie de prison en 1990, l'icône de la lutte contre l'apartheid Nelson Mandela lui réserve sa première visite à un dirigeant étranger.

Au lendemain du décès du premier président zambien, l'Afrique du Sud a ainsi décrété dix jours de deuil national. "Il s'est tenu aux côtés du peuple sud-africain au moment où nous en avions le plus besoin et était inébranlable dans son désir de voir l'achèvement de notre liberté", a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Pour son prédécesseur Thabo Mbeki, qui s'exprimait sur les antennes de la SABC, la chaîne publique sud-africaine, Kenneth Kuanda est "l'un des architectes de la démocratie en Afrique du Sud" 

"Pour beaucoup d’entre nousa indiqué l'ancien président sud-africain, la Zambie est une deuxième patrie." Thabo Mbeki a ainsi résumé la philosophie qui a guidé l’action politique de Kenneth Kaunda. A savoir, la "ferme" conviction que "la Zambie indépendante avait la responsabilité d’aider à atteindre cet objectif africain de la libération totale du colonialisme et de l’apartheid". "Sous sa direction, a précisé Cyril Ramaphosa, la Zambie a fourni refuge, soins et soutien aux combattants de la libération qui avaient été contraints de fuir leur pays d'origine."  Kenneth Kaunda, a ajouté le président sud-africain, est "à juste titre vénéré comme le père de l'indépendance et de l'unité africaine".

"L'Afrique a perdu l'un de ses meilleurs fils", a déclaré pour sa part l'Union africaine dans un communiqué. Depuis sa retraite en l'an 2000, celui que l'on avait baptisé le Gandhi africain pour son militantisme non violent, mettait son autorité au service de la résolution des crises sur le continent africain, au Kenya, au Zimbabwe, au Togo ou encore au Burundi. Le président botwanais Mokgweetsi Masisi a, lui aussi, ordonné sept jours de deuil national en l'honneur de Kaunda "l'altruiste". 

Au soir de sa vie, chanson à l'appui parfois, l'ancien dirigeant s’était engagé dans la lutte contre le sida qui, confiait-il à Reuters en 2002, devait être combattu avec le "même zèle" que le colonialisme. La maladie lui a ravi l’un des enfants issus de son union avec Betty, son épouse disparue en septembre 2012. La mort de cette dernière l'avait grandement affaibli.

Petit pays pauvre d'Afrique australe, à la dette colossale, la Zambie a connu une relative stabilité politique depuis que Kenneth Kaunda a quitté le pouvoir.

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