Mais à quoi sert vraiment le Commonwealth?
Le Commonwealth est peut-être la plus étrange des organisations internationales au monde. Y appartenir n’apporte aucun avantage commercial, aucune baisse des droits de douane, aucun accord de coopération civil ou militaire. Son budget, environ 50 millions de livres sterling (approximativement 62 millions d'euros), ne représente rien à côté des 13 milliards de dollars de l'ONU et des 120 milliards d'euros de l'Union Européenne. Dans les faits, le Commonwealth est un «club» des anciennes possessions coloniales britanniques, auquel de nouveaux pays sont progressivement venus se rajouter.
Enfant de la décolonisation
Le «British Commonwealth of Nations» est né en 1931, «uni par une allégeance commune à la Couronne». En 1949, la déclaration de Londres prend note de la décolonisation en cours et supprime la mention «British» du motion Commonwealth. A compter de ce jour, le Royaume-Uni n’est plus qu’un membre comme les autres au sein de l’organisation.
Aujourd’hui, le Commonwealth compte 53 membres. Sa population totale est de 2,2 milliards d’habitants (un tiers de la population mondiale), dont 1,2 milliards pour la seule Inde, pour une superficie de 31 millions de kilomètres carrés (21% des terres émergées mondiales). Elizabeth II, reine du Royaume-Uni, est toujours officiellement chef de l’Etat de 16 des Etats-membres. Le reste se compose de 32 républiques (chef de l'Etat élu) et 5 monarchies ayant leur propre souverain (Lesotho, Swaziland, Tonga, Malaisie et Brunei).
La liste d’attente pour l’entrée dans le Commonwealth reste longue. Un véritable encombrement s'est formé derrière le Rwanda, dernier intégré en 2009. Madagascar, le Yémen, l’Algérie et le Soudan se sont tous portés candidats. La Palestine et le Cambodge ont été refusés, et la Gambie a volontairement quitté l'organisation en 2013, dénonçant sa «lecture colonialiste» du monde.
Avant tout, une tribune diplomatique
Mais pourquoi vouloir intégrer le Commonwealth ? Pour les optimistes, l’organisation offre une tribune intéressante aux gouvernements des membres les moins riches pour négocier des accords bilatéraux avec des pays plus développés. Tous les deux ans, l’ensemble des chefs de gouvernement du Commonwealth se retrouvent lors du «Commonwealth Heads of Government Meeting» (CHOGM), une réunion qui n’a aucun enjeu, si ce n’est les entretiens privés qui se tiennent en marge du sommet.
Une des «success story» du Commonwealth est à mettre au crédit du Guyana. En 2007, lors du CHOGM tenu en Ouganda, le petit pays d'Amérique du Sud propose un échange à ses confrères les plus développés. La promesse d’une protection renforcée de sa forêt équatoriale en l’échange d’une aide économique. Bien que refusée, la proposition a attiré l’attention des médias et de la communauté internationale. Quelques mois plus tard, le Guyana signe un partenariat avec la Norvège. Grâce au financement scandinave, le développement économique du pays s'est accéléré, presque sans impact sur sa forêt amazonienne.
Sur les droits de l'Homme, un bilan mitigé
Le Commonwealth reçoit néanmoins son lot de critiques. Si des pays comme le Soudan et le Yémen sont si intéressés par le Commonwealth, c’est aussi parce que le coût de cette tribune est moins élevé qu’un lobbying à l’ONU, notamment sur le chapitre des droits de l’Homme. Le Commonwealth n’accorde aucun avantage et ne dispose donc d’aucun moyen de pression sur ses membres. Si la défense des droits de l’Homme est inscrite dans ses statuts, son bilan dans le domaine est peu envié. Le « Commonwealth Human Right Initiative » a beau recenser les atteintes au sein du club, il ne dispose que d'une fraction des budgets des programmes de l'ONU pour intervenir.
Dans le même temps, le Commonwealth a plutôt la réputation de porter un œil très indulgent sur ses membres. Il n'hésite pas à organiser les CHOGM dans des pays aux bilans douteux, comme le Sri Lanka en 2013 ou l'Ouganda en 2007. Parmi les chiffres qui inquiètent les associations des droits de l'Homme, 41 pays du Commonwealth continuent de criminaliser l'homosexualité.
Les problèmes de liberté d'expression et de liberté religieuse sont flagrants au Pakistan, au Nigeria ou au Swaziland. Et dans l'Histoire de l'organisation, un seul pays a été expulsé en raison de son bilan en matière de droit de l'homme: le Zimbabwé de Robert Mugabe, en 2003. Ironie de l'Histoire, le code de conduite des pays membres en vertu duquel le Zimbabwe a été expulsé avait été voté à Harare, la capitale du pays, en 1991.
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