Cet article date de plus de treize ans.

Zuma, zoulou et prochain président de l’Afrique du Sud

Les partisans de Jacob Zuma ont chanté et dansé hier soir dans les rues de Johannesburg pour fêter, sans attendre les résultats officiels, leur victoire aux élections générales qui devrait propulser leur dirigeant à la présidence. Jacob Zuma, chef du Congrès national africain (ANC), le parti qui domine la vie politique du pays depuis les premières élections multiraciales en 1994, devrait être élu par le Parlement issu des élections générales de mercredi. Après dépouillement de près de la moitié des suffrages, le NPA est crédité de 66,7% des voix.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Des commentateurs européens présentent Jacob Zuma comme l'archétype du dirigeant africain polygame et corrompu, certains Blancs voient en lui un dictateur en puissance. Mais une vaste majorité du peuple sud-africain le salue comme l'un des siens. Autodidacte, figure populiste charismatique, Zuma, qui a eu 67 ans le 12 avril, doit aussi son ascension à ses alliances avec des syndicats puissants et le Parti communiste.

L'ascension des sommets de l'Etat par celui qui, enfant, gardait les vaches dans son village zoulou de Nkandla, s'est faite contre la volonté de l'ancien chef de l'Etat Thabo Mbeki. Ce dernier l'avait renvoyé de la vice-présidence en 2005, après la condamnation pour corruption de son conseiller financier. Son procès pour viol, en 2006, a laissé des traces, bien qu'il ait été acquitté. Zuma avait choqué en expliquant à la barre avoir pris une douche pour se laver du sida après un rapport non protégé avec sa jeune accusatrice, séropositive.

Le parquet sud-africain a abandonné début avril des poursuites engagées contre Zuma depuis huit ans pour corruption, fraude et blanchiment d'argent, en faisant état d'irrégularités de procédure et d'une manipulation du système légal par un ancien patron de la brigade criminelle. En septembre 2008, la Haute Cour avait invalidé des accusations de fraude et corruption portées contre Zuma, mais la Cour suprême d'appel les avait rétablies en janvier dernier.

La plupart de ses partisans - dont la ferveur n'a cessé de grandir avec ses épreuves judiciaires - viennent des "townships" noirs des environs de Johannesburg, rappel des inégalités qui persistent dans l'Afrique du Sud de l'après-apartheid. En décembre 2007, porté par le mécontentement du peuple face à la pauvreté persistante, Zuma était plébiscité à la tête de l'ANC. Neuf mois plus tard, le parti contraignait Mbeki à démissionner de la présidence. Une enquête Ipsos montre que le chef de l'ANC est apprécié des Noirs, qui lui accordent une note moyenne de 7,7 sur 10, mais abhorré des Blancs (1,9).

Si Jacob Zuma incarne les espoirs des déçus, c'est qu'il est doué d'une rare capacité d'empathie, qu'il emploie à comprendre et convaincre. Un talent qui le sert en négociation, comme lors de la difficile transition vers la démocratie en Afrique du Sud ou dans les pourparlers de paix au Burundi. Zuma n'a pas précisé comment il procéderait pour réduire la pauvreté, la criminalité et le fléau du sida. Mais son charisme l'a toujours porté et la domination de l'ANC sur la vie politique sud-africaine semble lui assurer d'être élu.

Caroline Caldier, avec agences

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.